Lyon, mars 1943. Raymond Samuel (Aubrac dans la clandestinité) et Lucie, sa femme, sont engagés dans la Résistance. En Juin, Raymond est arrêté en même temps que Jean Moulin. La passion amoureuse de Lucie la pousse à tout tenter pour arracher son mari des griffes de la Gestapo. Raymond est promis à une condamnation à mort pour terrorisme, tandis que Lucie oeuvre de son côté pour organiser son évasion…
Dans les années 90, le producteur et réalisateur Claude Berri s’était attelé à l’adaptation d’oeuvres littéraires (Germinal) et/ou historiques (La Reine Margot), et passionné par les temps troublés de l’Occupation Allemande, il s’empara du récit de Lucie Aubrac, résistante alors encore en vie, intitulé Ils partiront dans l’ivresse. Berri cherche clairement à coller fidèlement aux événements et évite tant que possible de faire du romanesque poussif, son but étant de livrer la vérité du couple Aubrac avec la plus grande sobriété. Ainsi, quitte à être didactique, l’auteur de Manon des Sources s’en tient à une narration assez linéaire et il en va de même pour sa mise en scène, très académique et d’une froideur clinique. Peu de mots finalement sont échangés, beaucoup de regards disent l’inquiétude généralisée de cette époque, et bien sûr la barbarie nazie est montrée de manière appuyée, Berri ne craignant pas d’être manichéen dans sa représentation. Pourtant, si l’on peut reconnaitre au cinéaste sa capacité à raconter son histoire sans ennuyer, il est fort dommage qu’il réduise la Résistance Française à un récit aussi simpliste. Car au bout du compte, Lucie Aubrac décrit avant tout la passion amoureuse et l’obstination d’une femme pour aider son mari à sortir de prison, par tous les moyens possibles et en bravant le danger. En d’autres termes, on est loin de l’évocation puissante de L’Armée des Ombres par exemple, où Melville filmait les missions et les opérations menées par les Résistants, sans faillir jusqu’à la Libération.
Dans le rôle titre, Carole Bouquet (second choix après les désaccords artistiques entre Juliette Binoche et Berri) compose une belle prestation, digne et déterminée à la fois, face à Daniel Auteuil presque mutique en Raymond Aubrac. Pour les seconds rôles, Berri s’entoure d’un casting de solides interprètes comme Jean Roger Milo, Jacques Bonaffé, Jean Martin et plus surprenant, la participation de Patrice Chéreau, rarement comédien et qui campe ici un Jean Moulin plutôt convaincant. La séquence de l’évasion (dont on parle beaucoup et qui se fait attendre dans la narration) marque le climax d’un film certes tout à fait correct, mais qui manque de fulgurances.
ANNEE DE PRODUCTION 1997.