Quand Johnny Clay signale qu’il a un plan infaillible pour rafler la caisse d’un champ de courses, tous les truands alentour veulent être de la partie. 2 Millions de dollars sont promis au bout! Malgré la préparation minutieuse du casse, des couacs imprévus vont se dresser sur leur chemin, à commencer par Sherry Peatty, une femme vénale sans scrupules…
Après deux longs métrages remarqués mais aux budgets réduits, Stanley Kubrick trouve enfin avec L’Ultime Razzia à la fois la pleine maitrise de son Art, la reconnaissance de la critique et le succès public. Son troisième film n’aurait pu être qu’une banale série B sans le génie de son auteur, transcendant l’intrigue simpliste du hold up (si couramment vu sur les écrans) par un récit utilisant les flash backs, bousculant la chronologie et appliquant les différents points de vue, en une mise en scène virtuose! Imposant son style avec maestria, il livre des travellings vertigineux, des plans séquences incroyables, le tout sur une esthétique proche de l’expressionisme, au noir et blanc très contrastés. Collaborant au scénario avec l’auteur de série Noire, Jim Thompson, Kubrick manipule le spectateur par les sauts dans le temps et la préparation du casse évoquée en voix off, détaillant les agissements de chaque gangster, est l’occasion de montrer le rôle déterminant de la fatalité dans le fiasco final. Car oui, comme souvent dans l’univers kubrickien, un simple grain de sable va inexorablement entrainer la chute de personnages fortement autodestructeurs à la base!
L’ambiance sombre renvoie à Quand la ville dort , un must du genre commis par John Huston, d’autant plus qu’on en retrouve l’interprète masculin, Sterling Hayden, le blond à la mâchoire carrée et au visage marqué, incarnant un truand sorti de prison et rêvant d’un dernier coup, ainsi que Elisha Cook Jr en mari faible abusé par sa femme diabolique sous les traits de Marie Windsor. Pas des têtes d’affiche certes, mais de solides comédiens auxquels on adhère sans peine! Dans cette vision désenchantée de la condition humaine, on pressent déjà le futur génie qui signera Orange Mécanique, Lolita ou Shining et chapeau bas à la séquence finale, lorsque tout se joue sur un tarmac d’aéroport par la faute d’un tout petit chien! Si L’ultime Razzia ne peut être rangé dans la catégorie des chefs d’oeuvres imparables, il n’en est franchement pas très loin!
ANNEE DE PRODUCTION 1956.