Mo est beau, charismatique, et a le goût de l’adrénaline. Pour cela, il fait des courses automobiles clandestines. Lorsqu’il rencontre Lila, une jeune fille bègue et ultra timide, c’est le coup de foudre! il va immédiatement la prendre sous son aile. Lila est loin d’imaginer que Mo porte un lourd secret: il n’a jamais appris à lire ni à écrire.
Depuis L’Esquive, le public a pu découvrir l’incroyable personnalité d’une actrice naturelle et entière: Sara Forestier. Après plus d’une quinzaine de rôles plus ou moins marquants, la jeune fille passe derrière la caméra pour raconter une histoire qu’elle porte en elle depuis longtemps, sorte de fable moderne évoquant l’amour fou entre deux écorchés de la vie. Son personnage principal féminin, Lila, souffre de bégaiement et s’enferme dans une timidité maladive handicapante et un « prince charmant » nommé Mo, en apparence sûr de lui et flambeur vient la séduire, sans oser lui avouer qu’il est lui même atteint d’illètrisme. Bien sûr, sur le papier, le postulat de départ de ce pitch peut faire craindre les pires poncifs mélos, les plus maladroits moyens d’émouvoir « facilement » et pourtant, quelque chose touche d’emblée: sûrement cette naïveté de débutante justement qui ne cherche pas à épater à tout prix, qui s’en fout d’élaborer des plans hyper inventifs (elle s’en tient au champ contre champ), ce qu’elle veut c’est transmettre cette rage d’aimer, ce besoin fou d’être à deux et de combattre l’adversité. Alors oui c’est vrai, le film n’est pas (et ne deviendra pas un classique indiscutable), mais M parle à notre humanité et notre empathie et pour cette raison là, il mérite notre indulgence quant à ses faiblesses.
Sara a choisi un acteur quasi débutant et inconnu, Redouanne Harjanne, beau comme un Dieu, fougueux et blessé en même temps et colle très bien à ce rôle de faux dur. Et elle s’est logiquement attribué le personnage de Lila, jouant beaucoup avec ses regards avant d’enfin sortir les mots qu’elle ne peut pas dire et son film lui ressemble: rageux, tempétueux, émouvant. Qu’importe alors que M ne soit qu’un premier essai cinématograhique inabouti, un coeur y bat fort et atteint sans mal le nôtre.
ANNEE DE PRODUCTION 2017.
