Fin des années 60 aux Etats Unis. Joe Buck, un jeune et beau texan naif et ambitieux, monte en autocar à New York, persuadé qu’il pourra faire fortune en usant de ses charmes de cow boy, auprès de femmes riches et esseulées. Ses rares expériences tournent court. Il rencontre ensuite un dénommé Rico, dit Ratso, un italien combinard et infirme qui lui promet monts et merveilles…
Cinéaste britannique remarqué pour ses oeuvres en marge (Un amour pas comme les autres, Darling), John Schlesinger « céda » aux sirènes d’Hollywood à la fin de la décennie 60 et y tourna ce premier film américain, marqué par le sceau de son style singulier et anticonformiste. En dressant la peinture sans concessions de deux paumés (l’un, texan prostitué et l’autre, rital magouilleur et tuberculeux) se liant d’amitié, il parle surtout de l’Amérique des déclassés, le versant sombre du fameux Rêve Américain, celui qui ignore ses marginaux, humilie ses pauvres, casse les idéaux de ces êtres isolés de tout et de tous. Sur l’air légendaire de Everybody is talking at me chanté par Harry Nillson, une ballade country désespérée, le film déroule un réalisme inédit pour le cinéma de cette époque, sorti fraichement du confort des studios pour se confronter aux décors naturels et à l’environnement crasseux d’un New York hostile à ces deux anti héros, perdants sur tous les tableaux. Schlesinger ne fait pas dans le pathos et pourtant sa vision glauque nous rend compatissant du malheur qu’il décrit, et le drame (ponctué de quelques moments plus légers) se révèle à la fois provocateur et émouvant. Provocateur par les thèmes abordés (la prostitution masculine, l’homosexualité et le viol), touchant par sa façon de coller à la psychologie de ces personnages et de rendre l’amitié qui les lie seule bouée de sauvetage.
Décrié pour cette audace narrative, l’opus fut classé X, prouvant à nouveau le puritanisme insupportable d’une Amérique paradoxale, préférant glorifier la violence de la guerre du VietNam faisant rage au même moment plutôt que quelques plans de nu. Entièrement porté par son tandem d’acteurs, en premier lieu John Voight (premier grand rôle pour lui) très bon en candide bouseux débarqué de son Texas et convaincu de la toute puissance de ses atouts physiques, et Dustin Hoffman, génialement inspiré dans sa composition, deux ans après sa révélation du Lauréat. La revanche de Schlesinger sur la censure fut éclatante puisque Macadam Cow Boy récolta une bardée d’Oscars et pas des moindres: réalisation, scénario et Meilleur Film! Le courage finit toujours par payer!
ANNEE DE PRODUCTION 1969.
