MAMAN A CENT ANS

Pour fêter les 100 ans de la Mama, enfants, petits enfants et Ana, l’ancienne gouvernante anglaise se réunissent dans la vieille demeure familiale. Après les premières manifestations de joie des retrouvailles, chacun révèle son vrai visage, les désirs anciens remontant à la surface, l’hypocrisie prenant le pas sur l’amour apparent des uns et des autres…

Six ans après Ana et Les loups, l’espagnol Carlos Saura en donne une sorte de suite en reprenant comme personnage principal celui d’Ana, cette gouvernante, pourtant morte à la fin du film précédent. Faisant fi cette fois de ses considérations politiques acides, Saura s’éloigne un peu de ses paraboles habituelles sur le franquisme et ses drames âpres pour se tourner vers la comédie. Mais attention une comédie aux accents grinçants et où la fantaisie ne l’emporte pas toujours sur une amertume sous jacente! Cette réunion de famille, s’annonçant sous les meilleures hospices, vire à l’aigre et la face cachée de chaque personnage se voit mise à jour, entre tromperies, cupidité, et même intention meurtrière! Sur des situations parfois farfelues, Saura s’essaie donc à un ton plus léger (en apparence) et nous permet de rire de cette famille, tout en faisant le lien entre passé et présent, entre ceux qui ont connu et subi le régime de Franco et ceux qui suivent. L’ombre de la mort plane toujours comme dans Cria Cuervos par exemple, pourtant elle parait moins inquiétante, presque ludique à envisager, à l’instar de cette mama centenaire qui voit sa fin approcher et qui n’est pas dupe des intentions de ses enfants. L’époux frustré est devenu mari volage, l’autiste perclus dans sa foi cherche à tout prix à voler avec son piteux deltaplane, la bru avide d’argent multiplie les sourires de façade, etc… Seule, Ana, semble inchangée et regarde ce petit monde tantôt amusée, tantôt effarée.

Si le cinéaste entend clairement séparer le monde d’avant (celui de la guerre) de celui de la paix des esprits, il ne trouve pas toujours l’équilibre nécessaire dans son scénario et laisse parfois certaines séquences inabouties ou suspendues à une sorte de surréalisme (le « réveil » de la grand mère épileptique). Les références à Ana et les Loups sont nombreuses (la séquence du piège dans lequel Ana perd sa botte), et bien sûr son casting similaire remettent les souvenirs en place: Géraldine Chaplin, la muse toujours délicieuse interprète, Amparo Munôz, Fernando Gomez, etc… Saura clôt sa farce en ayant l’air de nous rappeler la phrase de Gide: ‘Famille je vous hais! ».

ANNEE DE PRODUCTION 1979.

 

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Moins à l'aise dans la comédie, Saura abandonne un peu ses préoccupations politiques (quoique) pour fustiger les valeurs conservatrices d'une famille. Geraldine Chaplin fidèle au poste.

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