Le Dr Stafford Weiss, un psychothérapeute renommé d’Hollywood, a fait fortune avec ses manuels de bien être. Sa femme Cristina s’occupe de leur fils de 13 ans, Benjie, un enfant star qui sort à peine d’une cure de désintoxication. Quant à leur fille, Agatha, elle a séjourné dans un asile pour soigner sa pyromanie maladive. Lorsqu’elle revient, elle devient l’assistante d’une actrice très perturbée, Havana Segrand, également une patiente de son père…
Les films ayant pour cadre la Cité des Anges et rentrant dans les coulisses d’Hollywood ne sont pas très fréquents, mais les meilleurs ont marqué les esprits. Souvenez vous de Baby Jane, Les Ensorcelés, Boulevard du Crépuscule ou encore Le Grand Couteau? Le génial réalisateur canadien David Cronenberg, auteur de La Mouche, plonge à son tour dans les abymes du milieu des producteurs véreux et des stars disjonctées pour livrer une satire cynique et démentielle, avec son goût de la provocation et de l’excès. Son scénario, tordu et envoutant à la fois, nous met en présence d’êtres tous aussi monstrueux et barrés les uns que les autres, entre schizophrénie et état mental limite! Un jeune ado acteur imbuvable, sa soeur défigurée par un feu qu’elle a provoqué elle même, un psy charlatan ivre de célébrité et passablement violent, et enfin une actrice traumatisée par une enfance détruite par une mère incestueuse. Voila le défilé de « freaks » auquel nous assistons, et il faut bien le dire, ils créent une fascination certaine, malgré des vices et des travers hallucinants! D’aucun pourront trouver que les ressorts de la narration sont outranciers, il n’empêche que l’humour noir omniprésent désamorce l’abjection qu’ils provoquent. Réaliser cette raillerie sur un système qu’il connait bien est d’une audace méritoire pour Cronenberg, surtout qu’il met le paquet, sans complexes.
Dynamiter Hollywood dans ce jeu de massacres amuse l’auteur de Scanners, mais il ne se contente pas seulement de ce jeu là, il dissèque des névroses terrifiantes décuplées par la célébrité à tout prix! Comme son personnage féminin, le cinéaste brûle des légendes idolatrées et nous conduit en plein cauchemar, aidé par un casting sans fautes. John Cusack convaincant en psy pas net, Mia Wasikowska séduit entre étrangeté et fragilité, et surtout Julianne Moore, extraordinaire en actrice dérangée et égocentrique. Elle a d’ailleurs remporté le Prix d’interprétation à Cannes. Du cinéma ignorant la tiédeur, transgressif et qui met indéniablement mal à l’aise en tout cas.
ANNEE DE PROUDUCTION 2014.