Maria Schneider n’est plus une enfant, mais à peine une adulte lorsqu’elle entame le tournage du film de Bertolucci Le Dernier Tango à Paris, devenu culte par ses scènes sulfureuses. Elle accède à la gloire sans y être préparée et le scandale, ainsi qu’un viol caractérisé sur le plateau même, entraine son destin vers des lendemains très sombres…
Pour ceux qui ne supporteraient pas l’idée que le cinéma et ses coulisses ne soit pas que rêves, paillettes et éclat, passez votre chemin! Car Maria refuse toute concession à la réalité et ce film nous conte justement une tranche de vie réelle, celle de l’actrice Maria Schneider, rendue célèbre par son rôle dans Le Dernier Tango à Paris. Adapté directement du roman écrit par la journaliste et cousine de l’actrice, Vanessa Schneider, voici le récit âpre d’une descente en enfer. Celle de cette jeune fille très belle désirant faire du cinéma et qui va devoir payer un lourd tribut au nom de l' »Art ». Violée « par surprise » sur le tournage du film qui allait à la fois la faire naitre et la détruire, elle voudra crier sa vérité à une époque où la femme avait bien peu droit de se défendre et de s’avouer victime. Sa carrière n’y survivra pas: addiction à l’héroïne, solitude, autodestruction, etc… Cette existence fracassée nous est décrite avec un démarrage déjà douloureux puisqu’elle fut la fille de l’acteur Daniel Gélin, qui refusa toujours de la reconnaitre. Cette blessure sera sa première faille avant les autres… Dans ce drame sec, loin d’un biopic linéaire, la mise en scène de Jessica Palud (dont c’est le troisième long métrage) se veut directe, frontale, sans chichis. Son sujet fait évidemment écho au récent mouvement #metoo qui secoue le monde du cinéma et toutes ses paroles de femmes bafouées, humiliées, violentées dont on entend enfin résonner les voix.
Maria c’est aussi l’implication maximale d’une actrice en état de grâce: Anamaria Vartolomei, révélée par L’Evénement en 2021, et qui fait plus que redonner vie à Maria Schneider: elle est sidérante d’intensité, sans jamais chercher à l’imiter. Son regard final face caméra est bouleversant. Quant aux seconds rôles, ils sont plutôt très correctement tenus, notamment par Matt Dillon campant Brando avec, contre toute attente, une bonne crédibilité ou encore Marie Gillain, surprenante dans le rôle de la mère. Le seul petit reproche à émettre serait d’avoir réduit le personnage à son seul statut de victime d’un système avilissant. Ce qui n’enlève rien à la beauté vénéneuse de ce portrait de femme passionnant.
ANNEE DE PRODUCTION 2024.
