MARIE OCTOBRE

Presque quinze ans après la Libération, dix anciens résistants, membres du réseau Vaillance, se réunissent au cours d’une soirée organisée par Marie Octobre, la seule femme du groupe. En réalité, elle leur annonce qu’ils sont là pour découvrir qui les a « donné » à la Gestapo en Août 44, entrainant la mort de Castille, un de leurs ex comparses. Les voila tous de potentiels coupables, pourtant il n’y a qu’un seul traitre parmi eux…

Sur un scénario ingénieux, écrit notamment par Henri Jeanson collaborant à des dialogues finement troussés, Marie Octobre demeure un des films les plus sombres de la fin des années 50, grâce à ses multiples éléments de haute qualité. En premier lieu, le maitre d’oeuvre Julien Duvivier (dont on redécouvre depuis quelques temps l’importance dans notre cinéma hexagonal), au style singulier, volontiers assez noir et sans concessions sur les tréfonds de l’âme humaine (souvenez vous du sublime Voici le temps des assassins). Ici, il met en scène dix personnages enfermés dans une grande maison, tous « accusés » d’être le traitre responsable de l’éclatement d’un réseau de résistance, alors qu’ils ont depuis quinze ans construit chacun leur vie bien rangée, en devenant d’honnêtes notables, avocats ou médecins. Le vernis doit et va craquer lors de ce huis clos aussi pesant que passionnant, où il est question de culpabilité, de soupçons et peut être d’aveux (extorqués ou non). Marie Octobre se place dans la lignée des très bons policiers, avec son intrigue solide, entretenant un suspense haletant jusque dans ses dernières minutes, et porté par une réalisation quasiment sans failles. L’affrontement démarre d’abord par d’aimables retrouvailles, de souvenirs partagés, avant de glisser dans un climat beaucoup plus hostile et menaçant.

Le film tient toutes ses promesses par la magnifique distribution d’ensemble, sans doute atout majeur de l’entreprise. Les excellents Robert Dalban, Bernard Blier, Serge Reggiani, Paul Meurisse, Noêl Roquevert ou bien le bourru et déjà très juste Lino Ventura mènent le jeu dans des tirades savoureuses, défendant chacun leur bifteck, tentant d’apparaitre sous leur jour le plus favorable, et également en laissant planer un doute sur leur défense mutuelle. Duvivier ne veut désigner personne trop rapidement pour laisser la révélation du coupable entièrement insaisissable. Dominant tous ces bonhommes, Danielle Darrieux s’avère impériale dans le rôle titre et compose un de ses personnages les plus fameux. Le plaisir intact que l’on prend à revoir ce Cluedo digne d’Agatha Christie lui doit évidemment beaucoup.

ANNEE DE PRODUCTION 1958.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Intrigue palpitante, dialogues très écrits, réalisation de Duvivier en très grande forme. Ce huis clos étouffant vaut par la présence de tous ces acteurs, et de Darrieux, magistrale.

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