Mickael est médecin de nuit, soignant des patients de quartiers difficiles, mais aussi ceux que personne ne veut voir: les toxicomanes. Derrière son allure de bon samaritain, prêt à rendre tous les services, c’est un homme déchiré entre sa femme Sacha et sa maîtresse Sofia, et de plus il s’est laissé entrainer dans un dangereux trafic de fausses ordonnances de Subutex. Sous l’influence de son cousin pharmacien. Mickael commence à sentir le danger rôder dans sa vie…
Elie Wajeman signe son troisième long métrage avec ce polar nocturne de bonne facture. Il dresse le portrait d’un homme acculé, dépassé par ses bonnes intentions, manipulé sans le savoir, outrepassant ses droits de médecin, en délivrant des médicaments, censés pallier au manque des toxicos. Dans le registre du film noir français, peu osent pousser l’aspect sombre et quasi nihiliste auquel on assiste ici, et ce Médecin de Nuit gagne à ce titre en efficacité. Filmant les rues de Paris comme autant de pièges maudits à éviter, la caméra reste aussi tout près du visage de l’acteur principal, Vincent Macaigne, plus habitué aux rôles de looser amoureux attendrissant. Il campe là un personnage fort, quasiment un contre emploi, avec une belle conviction, et s’impose comme la dynamique du film à lui tout seul. La narration prend peu de risques et n’offrent pas de surprises hallucinantes, tout ce qui advient relève presque d’une inexorable fatalité, pourtant on suit ce parcours balisé d’embûches, par sympathie pour le personnage.
L’humanisme et l’altruisme de Mickael sont bientôt mis à mal par ses scrupules, sa conscience d’homme et de père de famille, et là se situe l’interêt du film: le basculement opéré qui va mener au drame. Il y a quelque chose d’un certain cinéma américain, vu dans Mean Streets ou French Connection, contant des destinées humaines broyées par l’engrenage de la drogue. Wajeman ramasse son intrigue sur 1H20 seulement, ne laissant que peu de place à des séquences inutiles, et s’en tient à un classicisme un peu sec. Macaigne est entouré de la jolie Sara Giraudeau (à la voix toujours un peu pénible) et Pio Marmai, excellent dans tous les registres. On vous recommande en tout cas une consultation d’urgence!
ANNEE DE PRODUCTION 2021.