Quelques années avant la seconde guerre mondiale, Chiyo, une petite fille japonaise est arrachée à sa famille pauvre pour aller travailler comme servante dans une maison de geishas. Elle est violemment séparée de sa soeur. En grandissant, elle se plie avec docilité à l’initiation difficile qui fera d’elle une vraie geisha. Elle triomphe des pièges tendus par sa rivale, la fourbe Hatsumomo, et devient à force de travail la légendaire geisha Sayuri. Très belle, épanouie dans son art, Sayuri fascine les hommes…
Le roman d’origine, Geisha, écrit par Arthur Golden, était un pavé de près de 600 pages sur l’histoire supposée vraie d’une geisha étalée sur plus de 20 ans, montrant l’existence difficile de ses femmes nées pour divertir les hommes par leur aptitude à danser, chanter, faire la conversation avec le plus d’élégance possible. Pour son adaptation à l’écran, il ne faut pas chercher la vérité historique ou ethnologique du Japon d’avant guerre, Hollywood arrange à sa sauce ce récit d’initiation et donne un point de vue Occidental sur un Orient fantasmé. Le réalisateur Rob Marshall, tout récemment auréolé de succès avec Chicago, passe ainsi de la comédie musicale à la fresque romanesque en collant au plus près au livre et en utilisant un classicisme aussi net que sans surprises. Par exemple, le procédé de la voix off de l’héroïne racontant elle même son destin exceptionnel a déjà été vu mille fois auparavant et manque d’un souffle un peu plus original, et la mise en scène ne prend aucun risque en « restant dans les clous ». Ce point de vue archi conventionnel porte préjudice à un récit d’ailleurs trop long que Marshall aurait pu élaguer. Il traite à la fois l’ascension de cette petite Cosette japonaise subissant les cruautés de la vie, les mesquineries d’une geisha plus mûre, des rites d’apprentissage pour obtenir le statut tant envié, et enfin de son amour secret pour un homme d’affaires.
A tout crin, Marshall offre tout de même un film picturalement superbe, des images délicates, la douceur des kimonos, les couleurs vives des maquillages enchantent l’oeil et son illustration nous plonge dans un monde de ravissement esthétique certain. Et puis, il y a les actrices! Le choix de faire jouer des japonaises par des stars chinoises a fait grincer des dents et crée la polémique (à la fois en Chine et au Japon), mais passons sur cet état de fait là aussi lié à l’industrie du spectacle et admirons la beauté de Zhang Yiyi (aux yeux couleur d’eau magnifiques) et de Gong Li en méchante rivale. Enfin, la présence de la Malaisienne Michelle Yeoh, en protectrice, achève de rendre la distribution irréprochable. Mémoires d’une geisha a certes les contours trop lisses et la facture trop décorative, pourtant il demeure un divertissement tout à fait regardable.
ANNEE DE PRODUCTION 2006.