Pris dans une terrible tempête de neige, le célèbre écrivain Paul Sheldon s’écrase dans un ravin avec sa voiture. Grièvement blessé, il est sauvé par une infirmière du coin, Annie Wilkes, qui le ramène chez elle pour le soigner dans un premier temps. Elle se présente très vite comme sa « plus grande fan » de ses romans, la série des Misery. Elle se révèle également fortement perturbée mentalement. Paul comprend alors qu’elle le séquestre contre son gré et qu’elle n’a alerté personne de sa présence. Elle finit par lui intimer l’ordre d’écrire pour elle un nouveau roman, tout en lui réservant des « soins » de son cru…
Le réalisateur américain Rob Reiner avait déjà adapté un roman de Stephen King, Stand by me, et rencontré le succès avant de s’attaquer de nouveau à un livre de l’auteur de récits fantastiques et pas des moindres, Misery. De cette trame hautement anxiogène, il en garde surtout l’esprit du huis clos étouffant et « remplace » les tortures physiques que le héros, écrivain renommé, subit de la part de cette infirmière psychopathe par un lent calvaire psychologique. Enfermé, sans cesse menacé par les actes imprévisibles de cette admiratrice très spéciale, contraint enfin de rédiger un ouvrage qui doit impérativement plaire à son bourreau, sous peine de passer l’arme à gauche! Un scénario diabolique agencé de main de maitre par Reiner qui se montre à l’aise dans ce registre de l’horreur mentale et son suspense ultra efficace ne faiblit jamais du début à la fin. Misery puise en effet ses inspirations du côté d’Hitchcock, mais bien plus encore du cinéma d’épouvante, tant le cauchemar éveillé qu’il met en scène le fait basculer dans le « survival » pur et simple. En tout cas, le spectateur, presque cloué dans ce lit comme le héros, ressent un malaise permanent causé par l’aliénation et la terrifiante dérive de cette femme monstrueuse.
En romancier victime, James Caan trouve quasiment un contre emploi, lui que l’on a plus souvent savouré dans des rôles forts, de gangsters ou de mafieux italiens, et s’en sort parfaitement. Face à lui, Kathy Bates incarne la folie avec d’infinies nuances (passant de la bienveillance à la sauvagerie, de la rage au sang froid) et son interprétation légendaire lui a valu un Oscar de la Meilleure Actrice qu’elle n’a vraiment pas volé. Là où Misery réussit le plus à créer une angoisse tenace, c’est dans cet habile description de l’intérieur calfeutré, renfermant une schizophrénie effrayante. L’idolâtrie irrationnelle d’Annie pour les romans à l’eau de rose de Paul se nourrit également d’un humour noir bienvenu et achève de faire rentrer Misery dans la catégorie des thrillers d’exception.
ANNEE DE PRODUCTION 1990.