Suite à un coup d’Etat militaire au Chili, un jeune journaliste américain, Charles Horman, disparait mystérieusement. Son père, Ed, vient sur place retrouver sa trace avec l’aide de sa belle fille, Beth, convaincus tous deux que le jeune homme est détenu prisonnier. Devant l’inertie de leur ambassade et les nombreux mensonges des autorités, ils décident de découvrir la vérité par eux mêmes.
Après Z, Etat de Siège et surtout L’Aveu, trois oeuvres politiques marquantes, Costa Gavras avait quelque peu délaissé le cinéma « engagé » qui faisait son style reconnaissable entre mille. Il y revient clairement avec cette évocation du Coup d’Etat militaire de Septembre 1973 au Chili, mené par le Général Pinochet et renversant le président en place, Salvador Allende. Son intrigue suit l’enquête menée par un citoyen américain, accompagné de sa belle fille, afin d’élucider la disparition de leur fils (et mari) que même les autorités américaines n’ont pu résoudre. En dosant à la fois la dénonciation politique des horreurs perpétrées durant la dictature et le combat de cette famille, Costa Gavras mêle la Grande Histoire à l’intime et relate en prime une histoire vraie, déjà racontée à travers un roman homonyme, signé Thomas Hauser. Le cinéaste critique à mots à peine couverts l’ingérence américaine dans les affaires chiliennes et leur responsabilité directe dans les exactions commises sur place: un acte de courage de la part de l’auteur de Z de faire une fiction quasi documentaire et d’informer l’opinion publique, tout en ayant la hauteur de vue nécessaire, dix ans après. Son scénario efficace et sa mise en scène très convaincante font de Missing une oeuvre palpitante à suivre, installant une tension tout du long.
Il dirige pour l’occasion la jeune Sissy Spacek, révélation de Carrie en 1976, en épouse obstinée et Jack Lemmon, loin de ses rôles de comédies mémorables de Wilder, pour camper ce père déchiré et désireux d’aller au bout de la vérité, même la plus cruelle. L’acteur remporta le Prix d’Interprétation à Cannes grâce à sa prestation. Costa Gavras, au fond, n’aura eu de cesse que de plaider la seule cause qui lui tient à coeur: celle des droits de l’homme et de condamner fermement tous les totalitarismes, où qu’ils sévissent! C’est sans doute pour cette excellente raison que le jury cannois décerna à Missing une Palme d’Or, autant pour la qualité du film que pour son humanisme et sa pensée inébranlable.
ANNEE DE PRODUCTION 1982.