Le parcours de la sportive controversée Tonya Harding, championne de patinage artistique dans les années 80 et 90, première femme à réussir un triple axel dans une compétition majeure, mais surtout connue aujourd’hui pour sa célèbre rivalité avec la patineuse Nancy Kerrigan et sa tentative, avec l’aide de son mari, de nuire à cette concurrente.
Moi Tonya relate, sous la forme d’un faux documentaire, la biographie de la patineuse artistique Tonya Harding, accusée d’avoir agressé une de ses concurrentes pour obtenir un prix dans une compétition, et ce sur le ton de la comédie caustique ou de la fable trash. Le réalisateur Craig Gillepsie, futur auteur de Cruella, ne cherche en rien à rendre aimable son personnage féminin, la dépeignant comme une héroïne au franc parler, un peu brute de décoffrage, et surtout il montre son environnement « privé » pouvant en partie expliquer sa personnalité. Mariée à un type violent dont elle est très dépendante affectivement, engluée dans une relation très toxique avec sa mère, une femme autoritaire, froide et vulgaire sans le moindre sentiment maternel, Tonya Harding vit dans un contexte de dureté permanente, habituée à la violence ordinaire et ne se présentant pas pour autant comme une victime. Le film, constamment dans le second degré et l’outrance, est raconté par le biais d’interviews face caméra des différents personnages gravitant dans son entourage assez malsain. Gillepsie use d’un cynisme féroce pour coller au mieux à cette sportive combative mais impertinente, ne rentrant jamais « dans le rang » et le scénario ne fait pas l’impasse sur le déterminisme social (Harding est issue d’un milieu prolétaire mal vu par les fédérations sportives de haut niveau). L’audace du film vient du fait qu’il ne tombe jamais dans le drame misérabiliste qu’il aurait pu être, préférant la drôlerie et ne tentant pas de lever le mystère sur l’agression dont elle fut accusée.
Pour camper cette patineuse obstinée et par moments antipathique, l’actrice Margot Robbie (également coproductrice du projet) a enfilé les patins et démontre un vrai potentiel comique, mis en valeur par une mise en scène au diapason de son énergie. La mention très spéciale revient pourtant à Allison Janney, une comédienne souvent vue dans des compositions secondaires, incarnant la mère toxique à merveille, au point qu’elle décrocha un Oscar mérité du meilleur second rôle. Attention, pour ceux qui préfèrent les biopics plus classique, Moi Tonya risque de déplaire par son excès de pirouettes stylistiques et surtout des répliques tout le temps sarcastiques. Ce choix de Gillepsie range en tout cas son film dans une case moins confortable et plus atypique.
ANNEE DE PRODUCTION 2017.