Tout juste expulsé du centre pour jeunes en difficulté qu’il fréquente, Steve doit emménager avec sa mère Diane, veuve, qui l’aime mais dont elle craint les accès de violence imprévisible. Hyperactif, le jeune homme a une propension à la confrontation et des troubles d’apprentissage. Leur voisine, Kyla, propose à Diane de donner des cours particuliers de mathématiques et de diction à Steve, clairement réticent.
A seulement 25 ans, le surdoué Xavier Dolan signe déjà là son cinquième long métrage, après les très remarqués J’ai tué ma mère, Les Amours Imaginaires et surtout le magnifique Laurence Anyways. N’ayant pas son pareil pour croquer des parcours de vies chaotiques, il expose ici une relation mère /fils compliquée, passionnelle et semée d’embûches, en premier lieu le caractère violent et difficile du jeune homme, en perpétuelle agitation, incapable à gérer et à élever normalement. Sans nous laisser le temps de nous acclimater à son énergie folle, la mise en scène nous entraine dans un tourbillon d’émotions, de sentiments exacerbés, emplis de moments douloureux. Sous la forme d’un mélodrame (non exempt de dialogues parfois drôles), Mommy est l’histoire d’un combat maternel admirable, d’un affrontement continuel contre les déséquilibres mentaux de cet adolescent que l’on voudrait aimer sans conditions, comme l’amour fou (et bien normal) que lui porte sa mère. Dolan sait non seulement parfaitement transcender ses sujets, mais également les mettre en images avec une vitalité inspirante: chez lui, les gros plans sont tout sauf des exercices de style, ils servent à accompagner ses personnages dans leurs humeurs et leurs émotions vives. Chaque séquence semble chargée d’une tension sourde dans laquelle le drame peut surgir à tout moment.
Quelle idée si poétique de repousser les limites du cadre lorsqu’une embellie revient dans un océan de malheurs et le restreindre à nouveau, lorsque le désespoir encombre l’avenir! Festival de haute voltige pour ses comédiennes, Mommy est aussi une ode aux actrices que Dolan bichonne tout particulièrement, laissant du coup moins de latitude au jeune Antoine Olivier Pilon, pourtant explosif dans son rôle de fils borderline. Le film s’articule entièrement (et ça n’est pas un reproche) sur les performances de Suzanne Clément incarnant la voisine/copine dépassée par les agissements de ce gamin perturbé et surtout Anne Dorval, phénoménale en maman courage, toujours debout, même dans les pires moments. Grand et beau film d’amour, dur et impactant, Mommy a obtenu le Prix du Jury à Cannes. Malgré ses détracteurs et ses envieux, Dolan trace sa route la tête haute.
ANNEE DE PRODUCTION 2014.