En 1935, à Paris, Madeleine Verdier, une jeune actrice débutante sans le sou, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur, auprès duquel elle était allé quémander un rôle. Aidée de sa meilleure amie, Pauline, jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense au terme d’un procès retentissant. Commence alors pour elle une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, jusqu’à ce qu’une autre vérité éclate au grand jour…
20 ans après son triomphal Huit Femmes, encore un de ses meilleurs films à ce jour, le très prolifique François Ozon offre pour sa cuvée 2023 l’adaptation d’une pièce de théâtre des années 30, en dépoussière le texte et le pare de dialogues enlevés et brillants, collant tout à fait à notre époque et à des thèmes actuels, comme le patriarcat, le droit des femmes, l’incompétence de la justice. Tel un bonbon acidulé fort agréable à déguster, Mon Crime démarre donc comme une comédie policière pétillante et se poursuit dans une euphorie générale sur le ton de la fantaisie, dans laquelle les protagonistes vivent des situations aussi incongrues que cocasses. Prenant comme héroïne une jeune fille adorable accusée d’un crime (avant qu’un rebondissement nous entraine sur une autre piste), Ozon se régale avec sa reconstitution hyper soignée de la décennie 30, dans un Paris d’avant guerre encore bouillonnant d’artistes, assume pleinement l’aspect artificiel du théâtre filmé (avec beaucoup plus de bonheur que son Peter Van Kant), et surtout propose une satire sur la condition féminine résonnant idéalement avec les contestations d’aujourd’hui. Les répliques fusent à une allure folle et avec un esprit vraiment irrésistible (rappelant un peu Sacha Guitry), et le réalisateur rend en même temps hommage au cinéma américain loufoque de Lubitsch ou de Cukor. Par moments, Mon Crime fait figure d’exercice de style, mais le film est constamment drôle et ne perd jamais le sens endiablé de son rythme.
Enfin, et c’est sûrement une de ses plus notables qualités, cet opus réunit toute une troupe de comédiens venus d’univers différents et tous impeccables, à commencer par les deux demoiselles d’honneur que sont Nadia Tereszkiewicz (récemment au générique des Amandiers) et Rebecca Marder, de plus en plus souvent employée. Chez les mecs, des têtes d’affiche déjà vus chez Ozon (André Dussollier, Fabrice Luchini) et d’autres plus improbables (Danyboon ou Régis Laspalés, réussissant à ne pas accaparer le film!). Mais de nouveau la vraie tornade, c’est Isabelle Huppert, totalement impayable en actrice du muet au débit hallucinant et d’une drôlerie que l’on ne lui avait plus vu depuis… Huit Femmes justement! Ce divertissement populaire frais comme un bon champagne rosé, logiquement appelé à plaire à un large public, devrait permettre à Ozon de renouer avec de gros scores au box office. Ce serait un crime de passer à côté!
ANNEE DE PRODUCTION 2023.