Depuis ses 13 ans, Aileen survit en se prostituant. Lorsqu’un soir, le moral au plus bas, elle rencontre dans un bar la jeune Selby, c’est le coup de foudre, elle qui n’a pourtant jamais été lesbienne. Pour protéger leur amour et leur permettre de subsister, Aileen continue de vendre son corps jusqu’à cette nuit où , agressée par un de ses clients, elle le tue pour se défendre. Ce premier crime marque le déclenchement d’un terrible engrenage…
Aileen Wuornos marqua l’Histoire criminelle américaine en étant une des rares femmes tueuses en série et qui fut exécutée par injection létale en 2002, après avoir passé 12 ans dans le couloir de la mort. Un an après, une jeune réalisatrice nommée Patty Jenkins raconte son parcours dans ce premier long métrage aussi audacieux que frontal. Le scénario relate ce que l’on sait d’elle à travers les témoignages et la longue enquête ayant abouti à son procès. Sa dérive meurtrière est « expliquée » par des abus subis dans l’enfance puis surtout lors de ses « passes » avec des clients violents, puisqu elle gagnait sa vie en se prostituant. Avec une mise en scène sèche au possible, Monster montre une descente aux enfers, la déchéance progressive d’une jeune femme qui avait pourtant « tout pour devenir quelqu’ un de bien ». Malgré sa noirceur, le film évoque aussi sa rencontre avec Shelby, une fille plus jeune qu’elle et qui est devenue sa petite amie, entretenant une passion qui hélas ne lui permettra pas d’éviter de sombrer dans le crime. Monster décrit une Amérique des déclassés, des bars miteux, des milieux glauques de la prostitution et ne cherche jamais a enjoliver faussement la réalité. Violent et inconfortable, ce récit remue d’autant les tripes qu’il est tiré de faits réels.
Participant à la production, l’actrice Charlize Theron s’est littéralement fondu dans la peau de Wuornos et s’est enlaidi pour l’occasion : faux dentier, prothèses faciales, cheveux gras et abimés, et une bonne dizaine de kilos de pris. Au delà de de cette transformation impressionnante, son jeu millimétré a mis les audiences à genoux (personne ne s’attendait a la voir dans un rôle pareil). Elle remporta un Oscar de la Meilleure Actrice amplement justifié. Pour lui donner la réplique, Christina Ricci alias Mercredi de la Famille Addams, insère un peu de lumière et d’espoir en amoureuse aveuglée (qui d’ailleurs cultive aussi un côté assez paumé). Une oeuvre rude qui a detonné dans la production hollywoodienne souvent si formatée.
ANNEE DE PRODUCTION 2004.