Cherchant à protéger un ami, le député Philippe Dubaye, Xavier Maréchal entre en possession d’un document compromettant. Des tueurs se lancent à ses trousses pour récupérer ces fameux papiers tant convoités. Le dossier en question ne tarde pas à agiter la caste politique de tous bords…
Il pourrait s’agir d’un simple film de fiction, à mi chemin entre intrigue policière et propos politique, mais en réalité, Mort d’un pourri a davantage l’aspect d’un « faux documentaire » sur des magouilles et autres affaires, ayant secoué les années du mandat présidentiel de Giscard. En effet, la corruption à tous les étages (députés, préfets, police) est montrée de façon audacieuse et delibérement accusatrice par son auteur, le cinéaste George Lautner, plus habitué aux polars parodiques et moins « sérieux ». Il est aidé par son scénariste et dialoguiste Michel Audiard, lui aussi loin de son écriture pour des comédies ou ses films pour Gabin. Ici, le style se fait sec, assez sombre, et l’ironie a laissé la place à une certaine amertume. La mise en scène de ce polar complotiste ne sort jamais vraiment des sentiers battus, c’est plutôt du côté du script que l’originalité étonne. Audiard raconte le parcours d’un homme solitaire, bravant le danger, au péril de sa vie, et voyant tous ses proches assassinés par de mystérieux tueurs à la solde d’un pouvoir obscur.
L’action se déroule dans un Paris filmé de manière très déshumanisée, où les extérieurs nocturnes sont autant de pièges tendus au héros, seul contre tous. La bande son composée de morceaux de blues et de jazz (signés Stan Guetz) réussit à créer une atmosphère un peu crépusculaire convenant bien au sujet traité. On se croirait presque dans l’univers d’un Yves Boisset ou d’un Costa Gavras. Enfin, la distribution cinq étoiles finit de rendre ce plat bien mitonné. De Maurice Ronet à Klaus Kinski, et de Stéphane Audran à Michel Aumont, tous sont très à leur place, même s’ils ne font pas d’ombre au producteur et acteur principal qu’est Alain Delon, star totale du film, où il est de tous les plans et où ses yeux (très bleus) fusillent littéralement l’écran. Les petites faiblesses à déplorer viennent d’Ornella Muti, belle actrice italienne au jeu plus que limité, et la présence inutile de Mireille Darc, contrainte de jouer les compagnes délaissées. Au final, un bon opus politico policier qui garde un écho certain, quarante ans après.
ANNEE DE PRODUCTION 1977.