Une veuve vit seule avec son fils unique de 28 ans, un garçon assez simplet et causant certaines bêtises, parfois bien malgré lui. Un jour, une lycéenne est retrouvée morte et le jeune homme est soupçonné et arrêté par la police, convaincue de sa culpabilité. La mère, folle de douleur et de révolte, refuse le sort de son fils, et voyant l’incompétence et la lenteur de l’enquête, elle se met à tout faire de son côté pour trouver des éléments, afin de l’innocenter… Jusqu’où va t’elle être prête à aller?
Quatrième long métrage du coréen Bong Joon Ho, que l’on ne présente plus depuis son triomphe de 2019 avec Parasite (jusque là son film le plus abouti), Mother est un objet aussi curieux que compliqué à ranger dans une catégorie précise. Il a tout les aspects d’un drame familial puissant, s’autorisant aussi des pointes d’humour, mais vire rapidement au thriller pur jus, lorsque l’enquête sur la mort suspecte d’une jeune fille démarre et devient le noeud de l’intrigue. Le démarrage et la mise en place sont d’ailleurs plutôt lents, comme s’ils posaient des fondements, avant de vraiment traiter le fond du sujet. Ensuite, Bong Joon Ho dresse un beau portrait de mère Courage, déterminée à tout faire pour sauver son fils des griffes de la police et laver son honneur. Quoiqu’il en coûte… On sait que le cinéma coréen ne lésine pas sur les moyens les plus hards et les plus trash pour livrer des séquences mémorables. Ici, assez peu de violence brute (si l’on excepte deux scènes), le réalisateur privilégie plus le parcours mental de cette femme, bravant tous les dangers et la mise en scène accompagne ce joli personnage qui est de tous les plans. Le scénario, très habile, prend son envol au bout de 45 minutes et à partir de là, la maestria de Joon Ho fait son oeuvre, livrant un récit inspiré, tour à tour touchant et intelligent.
Grandement aidé par l’interprétation très forte de justesse de l’actrice Kim Hye Ja (une célébrité en Corée), cette septuagénaire hors du commun porte le film sur ses épaules et son visage nous hante longtemps après la projection. Moins centré sur l’esthétique et moins extraordinaire que Parasite dans sa globalité, Mother se fiche bien du prétexte policier pourtant central de l’histoire. Il se veut d’abord un formidable chant d’amour maternel, universel, et sacrément profond. Qui résonnera à l’oreille de toutes les mères. Même les moins douces, à condition qu’elles soient excessives…
ANNEE DE PRODUCTION 2009.