L ‘action commence à l’aube de la première guerre mondiale. Fanny Trellis est une magnifique jeune courtisane de la Haute Sociétè New Yorkaise. Inconséquente, égocentrique, séductrice invétérée, et ne jurant que par sa beauté et sa garde robe, elle reçoit des dizaines de prétendants, tous prêts à se mettre en quatre pour parvenir à l’épouser. Peine perdue! Pour sauver son frère criblé de dettes, elle va faire un mariage d’intêret avec un riche entrepreneur fou amoureux d’elle, Mr Skeffington. Avoir une fille dont elle ne s’occupera quasiment pas. Puis reprendra son manège amoureux sans fin. Jusqu’à ce que la maladie transforme la Belle… S ouvre alors des temps plus compliqués…
Ce flamboyant film de Vincent Sherman (un réalisateur qui fit de belles oeuvres autour de personnages féminins surtout) est d’une richesse folle: c’est bien sûr un mélodrame car la tragédie n’est jamais loin, mais aussi une comédie où l on rit beaucoup grâce à des dialogues brillants et un script tranchant et net. Egalement un admirable portrait de femme, complexe, à la fois attachant et détestable. Au début, Fanny se montre insouciante, centrée sur son propre sort, ne voyant personne autour d’elle, malgré la cohorte d’amants potentiels qui la courtisent vainement. Son mari n’aura pas plus de tendresse à attendre d’elle, et encore moins d’amour. Elle agit comme une petite fille dans un magasin de poupées, passant de l’une à l’autre, mais ne fixant jamais son dévolu.
Son charme immuable perdure pendant de très longues années et va pourtant connaitre un fâcheux contretemps, au bout d’1H30 de badinages et de futiles idylles. Une diphtérie fulgurante va modifier son apparence et lui rappeler qu’elle a bientôt atteint la cinquantaine, sans même sans s’apercevoir! Le retournement est cruel, et c’est le tournant du film bien sûr. Dés lors, ses anciens amants reculent devant sa beauté enfuie, et demandent plutôt la main de sa fille!! L’ironie fera soit sourire soit pleurer , selon que l’on s’identifie ou non à cette héroîne si particulière!
Il fallait une actrice sacrément gonflée pour jouer d’abord une ingénue perverse, puis une femme évitée de tous car défigurée par la maladie, tentant encore de se croire belle. Il n’y avait bien que Bette Davis pour incarner pareil rôle, avec toute la palette exceptionnelle dont elle fait preuve. Un tour de force littéralement. N’ayons pas peur des mots, elle est immense quelle que soit les émotions à fournir! Une septième nomination à l’Oscar lui sera offerte. Il faut aussi noter un point non négligeable dans ce récit: le thème de l’antisémitisme que subit Mr Skeffington est abordé de façon discrète, mais très efficace.
En résumé, il n’est pas interdit de classer cette oeuvre dans le dossier du très grand cinéma américain.
ANNEE DE PRODUCTION 1944
