Zoé est une petite fille adorable de 7 ans que ses parents, Isabelle et James, se disputent âprement pour la garde partagée. Beaucoup de ressentiments persistent entre les deux anciens amoureux. Un jour, une tragédie survient, bouleversant toute la cellule familiale, déja fragilisée…
Dix ans après son excellent film sur la jeunesse éternelle, La Comtesse, l’étonnante Julie Delpy réitère avec son savoir faire dans tous les domaines (écriture, réalisation, comédie) et signe ce septième long métrage, après plusieurs films légers sur le couple ou la famille. Ici, il s’agit à nouveau au départ d’une histoire de couple, déja séparé, et élevant à tour de rôle leur petite fille. Le récit s’articule dans un premier temps autour de ce drame familial, très bien écrit, puissant et aux accents de vérité, puis le scénario prend une autre direction (que l’on ne révélera pas ici, ce serait dommage), en tout cas la cinéaste actrice, douée comme tout, choisit l’axe d’un conte de science fiction. L’idée pourrait paraitre farfelue ou un peu grotesque à priori, mais la narration captive tout du long, jouant avec nos émotions et n’a pas peur d’aller au bout de son sujet. Tout en posant des questions cruciales sur l’humain, sur notre place dans ce monde, et surtout en dressant un beau portrait féminin de mère, prête à tout pour son enfant. Une déclaration d’amour maternel bouleversante se dégage du film, en oubliant jamais de rester dans un cadre structuré.
Julie Delpy s’intéresse encore (comme dans La Comtesse) au corps, à l’âme, à la vie qui passe et à la mort qui nous guette tous. Quand elle ose traiter de cette gravité là, elle se révèle particulièrement touchante, et sa singularité émeut au plus haut point. Dans le rôle principal de la mère, elle joue à la perfection l’obstination, la détermination et le désespoir muet. Face à elle, l’acteur allemand Daniel Bruhl, qu’elle avait déjà dirigé dans La Comtesse, est épatant en généticien pétri de doutes. La petite Sophie Ally interprète la toute jeune Zoe avec beaucoup d’aplomb pour son âge. Il ne faut pas manquer ce très beau film surprenant et dérangeant à la fois: la promesse d’une belle expérience de cinéma.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.
