En vacances en Toscane, une famille danoise se lie d’amitié avec une famille néerlandaise qui, quelques jours plus tard, les invite à passer un week end chez eux dans leur maison isolée. Mais ce séjour idyllique où se côtoient la discrétion et l’extraversion va virer au cauchemar…
D’abord acteur, puis scénariste et finalement réalisateur, le danois Christian Tafdrup n’a jamais vraiment percé en France avec ses longs métrages, alors qu’il tourne depuis déjà plus de vingt ans. Son oeuvre confidentielle va peut être sortir de l’ombre grâce à ce nouveau film, situé entre le thriller psychologique et l’horreur. Remarqué à Sundance mais privé d’une sortie en salle, Ne Dis Rien part d’un postulat assez simple: deux couples avec enfant sympathisent lors de vacances et finissent par se retrouver réunis dans la maison d’un des couples, où les choses vont se dérouler de plus en plus bizarrement. Une tension certaine monte, une sourde angoisse s’installe progressivement, un climat malaisant entretenu par le scénario, au départ sans surprises puis qui finit par révéler des aspects bien plus sombres. Le réalisateur manie sa caméra avec adresse, parvient à inquiéter avec des petits riens, fait du quotidien un terreau idéal pour glisser vers une terreur viscérale. Par moments, on pense à l’excellent et glaçant Funny Games de Haneke, en moins abouti tout de même. La faiblesse la plus marquée du métrage réside dans le développement insuffisant des personnages au comportement un peu linéaire et parfois trop déconcertant pour sembler totalement crédible. C’est dommage, car du coup, on adhère moins à l’enchainement d’événements de plus en plus effrayants.
Ne souhaitant donner aucune explication, aucun mobile aux actes monstrueux commis, Tafdrup ne séduit qu’à moitié avec son final radical et déstabilisant. Son casting, composé de comédiens inconnus chez nous, n’est pas en cause, puisqu’ils sont chacun plutôt bons. Partant du thème du choc des cultures et des différences des origines, l’intrigue souffre de quelques longueurs mais globalement se laisse suivre avec intérêt, d’autant que l’on veut très vite avoir « le fin mot de l’histoire », tout en se doutant qu’une happy end foireuse à l’américaine ne sera ici pas de mise. Mention très bien aussi pour la bande son, anxiogène et remarquablement travaillée, notamment dans les dix dernières minutes, sur le lamento de Monteverdi. Un film aux qualités indéniables et dont les défauts l’empêchent de se hisser au niveau supérieur.
ANNEE DE PRODUCTION 2022.