Jeanne, belle femme mariée avec enfants et écrivaine de métier, vit à Paris et semble avoir une existence tranquille et heureuse. Jusqu’au jour où elle commence à constater d’étranges transformations tant dans son environnement que sur les êtres qui l’entourent. Bientôt, c’est son propre aspect physique qui change, elle devient littéralement une autre femme…
Marina De Van, scénariste pour Ozon, actrice et réalisatrice au talent singulier, avait frappé un grand coup en signant une oeuvre radicale en 2002 Dans ma peau , qui avait conquis les critiques. Ici, elle choisit pour son second long métrage de raconter l’histoire d’une femme se transformant en quelqu’un d’autre. Sur le postulat que chaque être a un double visage, le propos du film va jusqu’à l’extrême et cotoîe même le fantastique. Jeanne est elle folle? Persécutée? Victime d’hallucinations ou d’un trouble de la personnalité? Le spectateur est plongé en plein doute, et le mystère s’épaissit, créant d’abord l’intérêt, avant de nous perdre progressivement. L’idée de départ est certes originale et séduisante, hélas elle ne tient pas ses promesses et on s’enlise ensuite dans des explications psychanalytiques assez fumeuses. La mise en scène plutôt réussie entretient un trouble évident, mais quelque chose ne fonctionne pas dans ce script, rappelant le cinéma de David Cronenberg.
L’atout charme du film vient de son affiche de stars, puisque nous avons la chance d’admirer un beau duo inédit et bien glamour, constitué de Sophie Marceau et Monica Bellucci. Les deux actrices ont une plastique impeccable, sont joliment complémentaires (alors que justement elles jouent un seul et même personnage), le hic est davantage dans leur jeu, assez inégal et pas toujours convaincant. Leurs partenaires masculins n’arrangent rien avec des interprétations carrément mauvaises. La surenchère d’effets numériques pour combiner les deux visages en un n’est pas toujours très heureuse non plus. Bref, l’ensemble souffre à la fois de carences de crédibilité et d’une fin décevante et téléphonée. Reste que Marina de Van tente courageusement un mixte entre drame psychologique et film de genre, et que ses intentions sont louables et en tout cas inclassables. Sans virer au ratage total, Ne te retourne pas procure des sensations, par instants dérange un peu, mais ne parvient pas à sortir vainqueur des méandres d’une psychologie primaire.
ANNEE DE PRODUCTION 2009.
