En voyages de noces aux chutes du Niagara, Ray Cutler et sa femme Polly font la connaissance de Rose et George Loomis, qui demeurent sur la rive canadienne. Rose ne supporte plus les éternelles scènes de jalousie de son triste mari et projette de se débarrasser de lui avec l’aide de son amant, Patrick…
Niagara marque certainement le véritable démarrage de la célébrité hors du commun que connut Marilyn Monroe et ce grâce à sa sensualité animale peut être rarement aussi bien filmée qu’ici par Henry Hathaway. Hathaway, un vétéran d’Hollywood, bon faiseur, exécutant des films très convenables sans atteindre au génie. Niagara entre dans la lignée de ses thrillers dans lesquels la femme est un objet de désir et se trouve pourtant fatale aux hommes, véhiculant la mort sur son passage, pavé de mauvaises intentions. Rose, l’héroïne, projette justement de liquider son époux possessif avec son jeune amant, aspirant à une vie meilleure, mais bien sûr le destin va en décider autrement. Une base de scénario plutôt mince pour ce film noir efficace aux images Technicolor somptueuses, le tout dans le cadre naturel des chutes d’eaux les plus fameuses de la planète. Hathaway provoque la censure avec des thèmes comme l’adultère, la force du désir, le crime passionnel et même si son récit ne présente pas de surprises majeures, il se laisse suivre avec un plaisir coupable. Avec ses faux airs de suspense hitchcockien, Niagara peut également se lire comme un drame psychologique sur l’enfer du couple et la frustration sexuelle.
On se souvient évidemment très peu de Jean Peters, l’autre actrice du film, peu mise en valeur et encore moins de Max Showalter, le comédien falot qui joue son mari. Joseph Cotten, sous employé, ne livre pas non plus le meilleur de lui même. Par contre, le film tout entier repose sur la beauté presque irréelle de Marilyn (la séquence où elle entonne le titre Kiss vêtue d’une robe éclatante en fourreau rose est un moment magique), Hathaway étant plus intéressé par sa chute de reins que par les chutes Niagara et la cadrant sous tous les angles. Ce rôle de garce sera le seul de toute sa carrière. Par son talent d’actrice si fréquemment mis en doute et sa présence hypnotique, elle rehausse ce petit polar à un niveau bien supérieur.
ANNEE DE PRODUCTION 1953.