A 32 ans, Norma Rae travaille comme ses parents dans une usine de textile d’une petite vile du Sud des Etats Unis. Les conditions de travail y sont rudes et éprouvantes. L’unique moyen de lutter pour améliorer leur quotidien est de se syndiquer et se battre contre les injustices. Seule contre tous (ou presque), Norma élève aussi ses deux enfants et mène une vie sentimentale agitée…
Représentant de la branche libérale du cinéma américain, Martin Ritt fut l’une des nombreuses victimes du maccarthysme pendant la décennie 50 et son oeuvre, portée sur le social et l’humain, trouve son point d’orgue avec ce Norma Rae, chronique réaliste d’une ouvrière courageuse se découvrant une conscience politique. Défense du mouvement syndicaliste, description de travailleurs poussés à bout pour des salaires de misère, portrait féminin généreux, ce film est tout cela à la fois et trouve une belle harmonie dans ses thèmes multiples. Engagé et humaniste, Ritt fait un instantané attachant d’une fille simple, grande gueule, ne se laissant pas dicter sa conduite, et qui refuse de se figer dans sa situation professionnelle. Motivée par l’arrivée d’un syndicaliste opiniâtre réveillant ses convictions enfouies (et avec qui elle noue une amitié solide), Norma constitue le centre névralgique du récit, autour de personnages plus secondaires comme son mari relégué en arrière plan, son père usé par le labeur, ses collègues au départ méfiants de son engagement. La classe ouvrière existe vraiment à l’écran à partir de cette oeuvre et ouvre la voie à des films comme Fist ou Le Mystère Sylkwood. Norma Rae marque des points dans son refus de la mièvrerie facile et offre un rôle superbe à une actrice jusqu’alors peu mise en valeur.
En effet, Sally Field épate de bout en bout avec sa performance saluée à la fois par un Oscar et un Prix d’Interprétation à Cannes et le film lui doit énormément. Quand elle monte sur une table en brandissant la pancarte « Union » au milieu de son usine et affrontant l’hostilité du patronat, sa détermination fait plaisir à voir et donne une image des femmes aussi gratifiante que progressiste. A ses côtés, les hommes campés par Beau Bridges et surtout Ron Leibman accompagnent cette héroïne avec un grand H. Avec militantisme et force, Norma Rae délivre une authentique émotion, sans angélisme bêta. A voir au moins une fois dans sa vie.
ANNEE DE PRODUCTION 1979.