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NYMPHOMANIAC 1 et 2

Par une froide nuit d’hiver, le vieux et charmant Seligman découvre, au détour d’une ruelle, le corps inanimé de Joe, une femme d’environ quarante ans, blessée, sonnée. Soucieux de son état, il lui offre l’hospitalité. Joe, qui s’est autodiagnostiquée nymphomane, raconte à Seligman les étapes d’une vie soumise à des désirs tyranniques et envahissants…

Cinéaste danois « à la marge », Lars Von Trier a choqué son monde avec Breaking the Waves, Les Idiots et surtout Antichrist. Avec Nymphomaniac, il met un cran au dessus dans son appétit pour la provocation et livre un drame audacieux sur le parcours de vie torturé d’une jeune femme, névrosée sexuelle, racontant elle même ses expériences multiples à un homme ayant eu la bonté de l’héberger pour la nuit. Tout y passe dans l’inventaire des perversions: triolisme, sadomasochisme, masturbation, pédophilie, homosexualité, etc… dans un scénario controversé qui a pour but de démontrer combien être esclave de ses désirs sans restrictions ni limites peut se transformer en une torture quotidienne et une aliénation insupportable. Présentant la sexualité de Joe comme addictive, elle est bien plus souvent triste et peu épanouissante. Scindé en deux volumes (la durée totale atteignant les 4 heures), les deux parties se complètent, mais on trouve davantage de poésie dans la première, au milieu de séquences crues et directes. Lars Von Trier ne fait pas l’impasse sur la nudité, les gros plans de sexes, pourtant il ne s’agit pas de pornographie au sens où on l’entend habituellement. A la limite de l’expérimental, sa mise en scène utilise les mots, la musique (Mozart, Haendel, Beethoven), ainsi que les références religieuses et culturelles pour aboutir à une fable vénéneuse, située quelque part entre le désir et le désespoir. Sur une telle durée, des redondances viennent ici ou là encombrer parfois le récit et la complaisance de certaines pratiques (notamment la partie SM) s’avère inutilement étirée.

Film sombre sur les tréfonds de l’âme humaine, Nymphomaniac parvient paradoxalement à faire passer de l’espoir et de la lumière, créant des émotions réelles (le rapport entre Joe et son père décrit de manière bouleversante), alors même que le fond du sujet est par définition scabreux et « repoussant ». L’interprétation générale permet aussi de s’accrocher à ses personnages en proie à leurs douleurs infinies: Stellan Skarsgard en interlocuteur asexué et attentif, Stacy Martin jolie comme un coeur (débutante courageuse avec un rôle pareil), ShiaLabeouf, Uma Thurman, Willem Dafoe ou Christian Slater… Tous entourés de l’actrice principale et désormais muse de Von Trier, notre Charlotte Gainsbourg nationale, dans un rôle ô combien risqué dans la lignée de celui d’Antichrist. Formidable dans la gravité et le lâcher prise, contant les étapes de son addiction, elle assoit définitivement son statut d’immense comédienne. Jusqu’au boutiste, Nymphomaniac vise un public averti.

ANNEE DE PRODUCTION 2013/2014.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

En deux volumes, le récit d'une addiction au sexe vécu par une héroine désespérée. Mise en scène provocatrice de Von Trier, mais avec de vraies fulgurances poétiques. Charlotte Gainsbourg mérite tous les superlatifs.

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