Suite à un malentendu, Camille s’éprend de Marc Duveyrier, agent immobilier assez imbuvable. Ce dernier, patron de Simon (lui même épris de Camille), tente de vendre un appartement à Odile, la soeur de Camille. Odile est décidée à acheter malgré la désapprobation de son mari, le trop effacé Claude. Celui ci supporte mal la réapparition après de longues années d’absence de Nicolas, vieux complice d’Odile et devenu le confident de Simon…
Un bonheur de film! Avec la complicité à l’écriture du duo Bacri/Jaoui (avec lequel il avait collaboré pour Smoking/No Smoking) Alain Resnais renouvelle encore son style et sort du cinéma cérébral dans lequel il avait longtemps gravité depuis Hiroshima Mon Amour. Cette comédie enchantée dans laquelle les personnages en quête de bonheur expriment leurs états d’âmes avec des chansons populaires, chantées en play back, donne la banane et du baume au coeur par son originalité, son audace. Derrière les rires et l’apparente bonne humeur, des thèmes comme la difficulté d’aimer ou la dépression sont au programme et Resnais les aborde avec légèreté et sérieux à la fois, posant des mots adroits sur des névroses propres à tant de gens et que les extraits de tubes signés Johnny Hallyday, France Gall ou Alain Bashung rendent parfaitement lisibles. Une pointe de dérision, un regard aiguisé sur les relations de couple (jeunes ou vieux), un joli descriptif des sentiments amoureux passent au crible d’une mise en scène alerte et constamment rythmée. On Connait la Chanson suit les péripéties sentimentales, amicales, ou professionnelles de plusieurs quarantenaires se débattant avec leurs mauvaises fois, leurs mesquineries, leurs lâchetés et de ce point de vue là, la marque de Bacri/Jaoui est immédiatement identifiable.
Le casting aux petits oignons contribue grandement au plaisir fou pris devant ce film ludique: tous interprètent avec joie leurs partitions, de Sabine Azéma à Agnès Jaoui en jeune femme angoissée, de Bacri en hypocondriaque chronique à Dussollier amoureux transi en secret, d’Arditi en mari jaloux et trop discret à Lambert Wilson play boy antipathique. La petite participation de Jane Birkin déchire le coeur en à peine trois minutes sublimes, correspondant à la césure du récit, quand celui ci passe de la comédie « pure » à du drame sous jacent. Enfin, réentendre toutes ces chansons françaises mythiques ne serait ce que le temps d’extraits souvent courts complète un tableau déjà brillamment fourni. Au compteur de la ligne d’arrivée, sept Césars (film, scénario, acteur de second rôle, etc…), un Ours d’Argent à Berlin et un Prix Louis Delluc + un succès public considérable ont été attribués à ce bijou de fantaisie. Et bien chantez maintenant!
ANNEE DE PRODUCTION 1997.