OTHELLO

A Venise, le général Othello suscite l’envie et la jalousie. Tout lui réussit: triomphant sur le champ de bataille, il a également épousé la belle Desdémone, la fille d’un sénateur. Poussé par sa propre ambition, la perfide Iago, officier d’Othello, insuffle le doute dans l’esprit du général quant à la fidélité de son épouse. Elle serait proche d’un certain Cassio…

Juste après avoir achevé son adaptation de Macbeth, le très ambitieux Orson Welles veut s’atteler à un second texte du grand Shakespeare au moins tout aussi connu, Othello. Ce général, Maure de Venise, file le parfait amour avec son épouse, mais attise la jalousie et la calomnie de la part d’un de ses officiers, lui faisant croire que cette dernière le trompe sur ses sentiments. Avec cette remarquable étude de moeurs fidèlement proche du texte original, Welles trouve une nouvelle occasion d’expérimenter les folies de sa mise en scène, constamment inventive (champs contre champs appuyés, tirades en gros plans pour garder l’esprit théâtral, panoramiques vertigineux et noir et blanc admirable). L’auteur ultradoué de Citizen Kane s’inspire (tout en imposant son style propre) du cinéma muet, des productions spectaculaires soviétiques signées Eisenstein (le prologue fastueux de la procession funéraire) et un lyrisme visuel comme nul autre. Ce qui frappe dans les prises de vues, c’est l’extrême morcellement des plans, alors que Welles privilégiait jusque là leur longueur. La pièce de Shakespeare devient entre ses mains un conte noir, macabre, où la mort guette, les thèmes de la trahison, de la convoitise et de la jalousie maladive résonnant avec le splendide La Dame de Shangaï. Malgré toutes les contraintes rencontrées sur le tournage houleux (déplacés d’Italie au Maroc pour pallier au budget réduit), Welles écrase tout de sa puissante détermination, soucieux de rendre cette oeuvre la plus grandiose possible, aidé en cela par les décors hallucinants d’Alexandre Trauner.

Tant qu’à faire, il interprète lui même le rôle titre, avec son faciès inquiet, sombre et candide à la fois, le regard halluciné, rongé par le doute, il laisse s’exprimer un jeu d’une grande modernité. Laissant à ses partenaires à peine la place de s’imposer, comme Michael MacLiammoir et Suzanne Cloutier, une comédienne canadienne surtout connue pour sa carrière scénique. La manipulation mentale de Iago sur Othello, insidieuse et diabolique, prend toute sa dimension cruelle dans un final digne d’une tragédie grecque que la réalisation baroque, toute en contre plongées et proche de l’expressionnisme allemand, accentue d’autant plus. Welles mit près de quatre ans à achever son projet, le dernier sur lequel il aura le contrôle total.  Primé d’une Palme d’Or à Cannes.

ANNEE DE PRODUCTION 1952.

 

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Epique, dantesque, cette version filmée d'Othello revient à tous les niveaux à Orson Welles et son génie. Mise en scène démesurée, jeu puissant, et récit d'une noirceur assumée.

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