Dans une petite ville américaine, une jeune comptable sur le point de se marier, Ann Walton, est victime d’un viol. Sa vie tourne alors au cauchemar. Elle décide de changer radicalement d’existence, pensant ainsi régler son cas…
Ida Lupino, actrice de renom dans les années 40 et 50, fut une des premières femmes à passer derrière la caméra aux Etats Unis. Elle tourna quelques beaux films sur des sujets forts, que ses collègues masculins ne voulaient pas traiter et se spécialisa dans le drame réaliste. Avec Outrage, elle frappe un grand coup en abordant la question délicate du viol et de ses conséquences dans la vie d’une jeune fille innocente, fragilisée par une agression qu’elle ne parvient pas à oublier. La cinéaste montre avec beaucoup de tact et de talent les tourments mentaux que traverse le personnage féminin, elle dit les choses sans les filmer, avec pudeur, elle dépeint la fuite en avant de cette victime meurtrie dans sa chair. Le viol était un sujet tabou pour Hollywood, d’ailleurs le fameux Code de censure Hays interdisait purement et simplement d’en parler explicitement.
La sidération que ressent la jeune Ann, jouée par une actrice inconnue Mala Powers, est amplifiée par une peur panique des contacts humains, et même en changeant d’environnement, elle restera apeurée et craintive. Ce drame psychologique garde une certaine force aujourd’hui, et ce même si le sujet a depuis été puissamment évoqué, notamment dans Les Accusés. Le seul défaut dommageable au film est sûrement à trouver dans l’interprétation, elle a parfois des côtés outranciers ou datés (??). Il n’en reste pas moins qu’Ida Lupino a l’immense mérite de filmer l’indicible douleur d’une femme, qui sur 1H15 va passer des ténèbres à la lumière retrouvée. Comme une guérison lente et semée d’embûches. Une oeuvre courageuse à considérer et à conseiller.
ANNEE DE PRODUCTION 1950.