César, beau jeune homme riche et sûr de lui, se retrouve enfermé dans une unité psychiatrique. Pris en charge par l’un des psys, il apprend être l’auteur d’un meurtre dont il n’a plus aucun souvenir.
Avec Tésis, son premier long métrage, l’espagnol Alejandro Amenabar ouvrait la voie à un renouveau du cinéma ibérique en matière de thriller, d’univers malsain et inquiétant. Talent qu’il confirme à nouveau avec ce second scénario, encore plus touffu et tordu, dans lequel il prend un certain sadisme à brouiller les pistes, à déconstruire un puzzle, où la réalité se mêlent aux rêves et aux cauchemars. Son jeune héros, un homme bien ancré dans sa vie, séducteur, voit son existence basculer après avoir subi un accident de la route, provoqué par son ancienne maitresse jalouse. Défiguré, perdant toute confiance en lui et tous ses repères, il va comme dériver dans des dimensions mentales, comme amputé de sa perception du réel. S’agit il d’une maladie mentale? D’un complot? De mensonges? Le récit se garde bien de conserver le suspense afin de nous intriguer et nous questionner au plus haut point. Amenabar s’amuse avec des flash backs, des souvenirs, des images oniriques, torpillant la moindre certitude établie et en ce sens, fait preuve d’une mise en scène maligne. Inspiré par les romans de Philip K.Dick, l’espagnol interroge sur la notion de temps autant que sur la paranoïa et nous convie dans un labyrinthe sinueux, sous la forme d’un thriller troublant. Les différents niveaux de lectures du film le rangent pourtant dans la catégorie du fantastique.
Il retrouve pour la deuxième fois l’acteur de Tésis, le beau Eduardo Noriega, et lui offre un rôle complexe, ambivalent où il a tout le loisir de montrer ses capacités de jeu. Sa partenaire, Pénélope Cruz, tout juste devenue une vedette incontournable avec ses apparitions chez Bigas Luna et surtout Almodovar, campe la petite amie adorable (mais insaisissable), comme un mirage de beauté impossible à rendre tangible. Leur couple dégage une grande sensualité. Amenabar louche du côté d’auteurs aussi importants que Cronenberg ou Lynch, aime ne pas donner toutes les réponses aux mystères qu’il propose, jusqu’à un final davantage porté vers la science fiction et un dénouement un poil « tiré par les cheveux ». Il n’empêche que ce film fascinant remporta un succès phénoménal, au point d’être l’objet d’un remake (raté!) aux Etats Unis, Vanille Sky, et qu’il permis de compter Alejandro Amenabar comme un des réalisateurs les plus originaux du nouveau millénaire.
ANNEE DE PRODUCTION 1997.
