Papillon est condamné au bagne de Cayenne à perpétuité pour un crime qu’il n’a pas commis. Son seul espoir: l’évasion. Sur place, il se lie d’amitié avec Louis Delga, un autre prisonnier, faussaire ayant le pouvoir de l’argent. Leurs conditions de détention sont immédiatement abominables…
Cinq ans après le triomphe mondial de La Planète des Singes, le réalisateur Franklin J.Schaffner se met en tête d’adapter le récit autobiographique d’Henri Charrière, surnommé Papillon, cet ancien bagnard enfermé de longues années à Cayenne et qui parvint à force de courage et de lutte à s’évader pour retrouver sa liberté et sa dignité. Schaffner choisit une mise en scène ample et signe un des films les plus forts sur l’univers carcéral et les horreurs du bagne, heureusement fermé depuis 1946. Hymne puissant à la liberté, Papillon décrit l’enfermement de cet homme et la manière dont le système tente de le briser, corps et âme, à coups de privations (par la faim, l’isolement, la solitude) dans l’obscurité de cellules insalubres. Le scénario (écrit par Dalton Trumbo, ex condamné du maccarthysme) regorge de rebondissements puisqu’il décrit aussi les deux tentatives d’évasions (hélas ratées) dans une suite d’aventures aussi palpitantes qu’incroyables. La musique de Jerry Goldsmith résonne sur des toiles de fond tropicales pour faire de cette odyssée infernale une confrontation entre l’homme et la nature. Le suspense ne décroit jamais et le film émeut aussi par l’évocation de l’amitié très forte nouée entre Papillon et Louis Delga, son compagnon d’infortune, plus fragile que lui et qui n’aura pas sa force de caractère pour oser une ultime fois se « faire la belle » définitivement.
Dans la plus pure tradition hollywoodienne, Papillon exalte la nécessité d’espérer encore et toujours, même au comble du désespoir. Un message positif dans un océan de dureté. Dans le rôle titre, le très physique Steeve Mac Queen s’empare du personnage de Charrière et l’interprète de manière stupéfiante, animale, frôlant parfois le cabotinage mais réussissant à créer de vraies émotions et surtout une empathie extraordinaire. Face à lui, un autre immense comédien, plus intello et non moins étonnant, Dustin Hoffman, petites lunettes rondes sur le nez, crâne rasé, le visage marqué incarne Delga avec son sens de la nuance. Leur duo anthologique assura le succès du film, dans la lignée du best seller de Charrière, mort pendant le tournage. Peu de dialogues, des images fantastiques et la caution « histoire vraie » font de cette oeuvre un classique inusable de la décennie 70.
ANNEE DE PRODUCTION 1973.