Agathe Villanova, nouvellement engagée en politique, revient pour dix jours dans la maison de son enfance, dans le Sud de la France. A son arrivée, Karim et son ami Michel Ronsard, des vidéastes en herbe, entreprennent de tourner un documentaire sur elle. On est en plein coeur du mois d’Août et pourtant il fait gris, il pleut. Ce n’est pas normal et rien ne va se dérouler comme prévu…
Toujours porté sur le genre humain et ses petites mesquineries, voire ses grandes lâchetés, le tandem Agnès Jaoui/Jean Pierre Bacri a tissé leur oeuvre sur un sens de l’observation hors du commun et écrit des scénarios à la fois dans l’air du temps et très pertinents sur la société contemporaine, parfois assez déprimante il faut bien l’avouer. Sur un mode comique appuyé par une touche d’ironie, Parlez moi de la pluie dénote quelque peu dans leur parcours. Comme « dans l’obligation » de ne pas décevoir après les triomphes de Un Air de Famille et surtout Le Goût des Autres, il rempile avec une histoire chorale où se croisent une politicienne débutante, sa soeur un poil aigrie, et deux potes férus de vidéos cherchant à produire un film (sans toutefois se donner les moyens de leurs ambitions). Des rencontres propices à des dialogues percutants, où souvent les protagonistes ne s’écoutent guère, croient détenir la vérité universelle, se hissent du haut de son « petit » air supérieur, et globalement font tout sauf nouer de vrais liens et établir un contact sincère. Contrairement à d’habitude toutefois, l’écriture du duo apparait moins incisive, en tout cas le ton aboutit à quelque chose de plus « triste », comme si le désenchantement avait supplanté la comédie pure. Rarement comme ici, les êtres sont dans l’incapacité totale de se comprendre vraiment!
La mise en scène de Jaoui semble absorbée, en tout cas amoindrie par le fait qu’elle soit en même temps auteur, réalisatrice et actrice bien sûr: un éparpillement préjudiciable à une complète implication dans chaque poste. Par contre, elle dirige pour la première fois Jamel Debbouze avec un oeil tendre et le sort de ses pitreries habituelles (ce n’est pas un mal!), face à Bacri toujours dans la note juste, bougon pile comme on aime. Pascale Arbillot, Florence Loiret Caille, Frédéric Pierrot et Guillaume de Tonquédec forment des seconds rôles assez satisfaisants, quoique un peu sacrifiés. Comme la météo bigrement nuageuse que déplore en continu les personnages, le film apparait mitigé, grisâtre. Peut être l’oeuvre la moins aboutie de Bacri/Jaoui.
ANNEE DE PRODUCTION 2008.