Piégée dans la ferme isolée de sa famille, Pearl doit s’occuper de son père malade sous le regard autoritaire de sa mère dévote. Désireuse de mener une vie glamour comme elle l’a vu dans les films, Pearl voit ses ambitions limitées… ce qu’elle n’apprécie pas du tout !
Après le choc crée par X, un film d’horreur recyclant avec hardiesse et talent les vieilles recettes issues d’oeuvres comme Massacre à la tronçonneuse ou La Dernière Maison sur la gauche, le réalisateur américain Ti West propose dans la foulée un prequel situé en 1918, reprenant le personnage de la grand mère nymphomane et dézinguée et la présentant dans sa jeunesse en fermière adorable et rêveuse. Mais, bien sûr déjà passablement dérangée! Avec son esthétisme léché, son hommage assumé au Technicolor majestueux du Magicien d’Oz ou d’Autant en Emporte le vent, l’intrigue débute sous les oripeaux d’un conte de fées virant progressivement au cauchemar le plus total. Pearl est une héroïne en apparence toute gentille, sage comme une image, obéissante à sa mère cruelle et s’occupant de son père infirme et aphasique: une sorte de Cendrillon ambitionnant de devenir une star et qui ne va laisser personne l’empêcher d’accomplir son destin. Dans une ambiance malaisante, l’horreur va éclater en pleine lumière, un peu comme dans le récent Midsommar, prenant à contre pied les habituels codes du genre plutôt friands d’obscurité et de nuits. Après un prologue donnant brillamment le ton, Ti West mène son scénario sans faillir, jonglant avec nos nerfs et nous réservant quelques jolis sursauts de terreur. Seul un petit « ventre mou » survient en milieu de parcours, pas de quoi gâcher le déroulement implacable du métrage!
Dans le rôle titre, l’actrice Mia Gorth (également productrice et collaboratrice à l’écriture) livre une prestation coup de poing, oscillant entre la schizophrénie insidieuse et la rage de tuer, dérangeante jusque dans ses sourires sadiques. Un très bon point pour la crédibilité de l’histoire, d’autant qu’elle domine le casting de très haut, ne laissant que des miettes à ses partenaires. Ti West confirme ainsi sa singularité dans un cinéma d’horreur de plus en plus moribond, s’attirant même les éloges de Martin Scorsese en personne, impressionné après la projection et avouant avoir eu « la trouille de sa vie ». Nul doute qu’après Baby Jane, Carrie, May et Esther, Pearl trouve direct sa place au panthéon des psychopathes féminines que vous ne pourrez pas oublier de si tôt!
ANNEE DE PRODUCTION 2023.