PERSONA

Elisabeth Vogler est actrice, mais au beau milieu d’une représentation théatrale, elle devient muette, frappée de mutisme. Les médecins ne décèlent rien d’anormal. Une infirmière, Alma, la prend en charge et l’emmène dans sa villa en bord de mer pour se ressourcer. Alma discourt pour deux, puisque Elisabeth ne parle toujours pas, et lui confie alors tous les secrets qui la rongent…

Dés le début de cette oeuvre singulière, des images défilent, violentes, sanglantes, sexuelles, comme des flashs qui reviendraient en cascade dans une mémoire défaillante. Un maelstrom de plans incroyables compose l’un des prologues les plus curieux et insolites de toute l’histoire du cinéma. Ingmar Bergman, le maître suédois derrière la caméra, est aidé par son chef opérateur attitré Sven Nikvist, responsable d’une photographie chirurgicale, granuleuse et fascinante. Le film se déroule ensuite autour d’un duo féminin, une femme mutique et apathique soignée par son infirmière ne cessant de parler, l’opposition entre le silence et la parole est saisissante. De nombreux thèmes rendent l’ambiance déconcertante, mais deux se dégagent plus nettement: le thème du double (jusqu’à quel point ces deux femmes sont contraires ou semblables jusqu’à ne devenir qu’une?) et celui du vampirisme, puisque Bergman plonge dans le psychisme le plus sombre qui soit. Plusieurs visions mettent en lumière une interprétation différente et montrent la richesse infinie de ce long métrage essentiel dans la carrière du réalisateur du Septième Sceau.

La relation malsaine entre Alma et Elisabeth est disséquée avec une caméra agissant tel un scalpel et s’infiltrant dans les visages en gros plan des deux actrices, Liv Ullman et Bibbi Anderson, extraordinaires d’intensité dramatique et expressives au possible. Le script possède un fort pouvoir analytique, tout en gardant son mystère et ses zones d’ombres obsédantes. La fameuse séquence où les deux visages s’imbriquent par un effet d’optique étonnant marque l’esprit par le caractère atroce d’une identité en totale décomposition. En filigrane, autre chose se profile dans une seconde lecture du film, c’est le rôle de l’Art et de la Création dans l’existence. Le parcours chaotique que propose Bergman ressemble à une catharsis dans laquelle il faut se laisser emporter, jusqu’à y perdre ses repères et ses certitudes. Un voyage au coeur de l’inconscient, où les masques tombent et où le spectateur touche à l’âme même! Un film viscéral et vertigineux, capital en tout cas.

ANNEE DE PRODUCTION 1966.

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Oeuvre la plus fascinante de Bergman. Sublime poème visuel et psychanalytique et actrices sidérantes.

1 COMMENTAIRE

  1. Un film fondateur, une vraie claque…L’un des seuls films qui me perd au bout de quelques minutes et que je considère pourtant comme un pur chef d’œuvre…Dérangeant et trop psychanalytique pour moi, mais d’une beauté formelle incroyable…Ce film (vu 2 fois au cinéma pas toujours dans des conditions idéales) me divisera toujours, entre amour et détestation !

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