Martha Weiss et son compagnon Sean s’apprêtent à devenir parent d’une petite fille. La jeune femme a souhaité accoucher à domicile. Hélas, l’accouchement se révèle catastrophique et malgré l’assistance d’une sage femme, le bébé meurt quasiment tout de suite après avoir vu le jour. Martha doit alors apprendre à faire son deuil, entre son homme de plus en plus irritable, et une mère intrusive et culpabilisante…
Le jeune cinéaste hongrois Komel Mundruczo, à qui l’on doit le captivant et original White God, sorti en 2014, tourne son premier film en langue anglaise, au Canada, et se penche sur le cas d’un couple confronté à la perte de leur enfant. Plus précisément, l’histoire se recentre sur la jeune femme, la maman en deuil cabossée par l’événement traumatisant et dont elle ne parvient pas à se remettre. Ce beau portrait féminin est certes un drame poignant et bouleversant , vu le sujet délicat qu’il traite, mais également une chronique familiale cruelle, puisque la mère de l’héroïne décuple la douleur ressentie, par un comportement abusif et déplacé. Interprétée par Ellen Burstyn, la maman de L’Exorciste, ce rôle supposait une actrice solide et au jeu précis. Mundruczo la dirige à la perfection. Sa mise en scène, par ailleurs, possède une véritable élégance et offre de beaux moments d’émotions, sans pour autant tomber dans le pathos facile.
La douleur apaisée de cette femme dévastée, contrainte d’ assister au procès de la sage femme, accusée de négligence passe par des séquences tantôt dures, tantôt presque planantes. Les mois défilent sans que la souffrance n’évolue pour elle et le réalisateur filme ça avec dignité et nous rend témoin d’une agonie intime. Il nous fait ressentir de façon organique l’atteinte profonde que Martha subit. Bien sûr, la formidable implication de Vanessa Kirby, cette belle comédienne intense que l’on a pu voir dans l’Ombre de Staline, participe grandement à la force du propos, car elle le restitue de manière puissante. Elle a obtenu la Coupe Volpi de la meilleure actrice, à Venise. La symbolique de la pomme revient à plusieurs reprises, ce qui n’est pas la meilleure idée du récit, mais fort heureusement, cela reste un détail, puisque l’ensemble affiche une retenue exemplaire.
ANNEE DE PRODUCTION 2020.