- Castro, autrefois vedette du petit écran, est à présent un animateur sur le déclin. Aujourd’hui, son chauffeur, Manu, le conduit à une pendaison de crémaillère de sa productrice et amie de longue date, Nathalie. Cette dernière a acheté une belle maison à la campagne, loin du tumulte parisien. Les invités commencent à arriver au compte gouttes…
Dans le domaine de la comédie française à la fois populaire et intelligente, très peu d’élus ont su creuser leur sillon comme le duo Jaoui/Bacri depuis leurs débuts communs à l’écriture avec Cuisines et dépendances, suivis ensuite d‘Un Air de Famille et autres grands films du même type. Depuis leur apogée atteinte avec le génialissime Goût des Autres, leurs scénarios, bien que toujours drôles, sont devenus progressivement un peu plus amers sur la société qui les entoure. Faisant de nouveau preuve d’une observation pointue sur leurs contemporains, les deux complices signent cette fois une comédie où ils épinglent le snobisme du monde de la TV, la superficialité des « gens connus », le matérialisme à outrance et le cynisme comme arme de guerre. Lors de cette crémaillère, nous pouvons déceler l’hypocrisie de certains rapports humains, le mépris des classes sociales entre elles, les réglements de comptes toujours tapis dans l’ombre et près à surgir lors de dialogues finement écrits. Le ton est donc volontiers grinçant, l’aigreur l’emportant d’une courte tête sur la croyance idéaliste. Niveau mise en scène, Agnès Jaoui passe d’un personnage à l’autre, pas toujours de manière très harmonieuse, et semble moins inspirée que dans ses films précédents, se reposant avant tout sur le texte délivré par ses comédiens. Du coup, la mécanique bien huilée connait par endroits quelques accrocs, frisant la baisse de rythme, comme si le duo montrait un début de « fatigue » ou de répétition un peu vaine.
Le casting sert de support solide pour faire de cette Place Publique un endroit tout à fait agréable à investir, le temps de la projection: Léa Drucker se fond comme une fleur dans l’univers du tandem, Agnès Jaoui s’offre un rôle un peu plus secondaire que d’ordinaire en gauchiste acharnée, et enfin Jean Pierre Bacri (tout droit sorti du Sens de la Fête) refait son numéro (déja vu -même si excellent- du bougon cynique), poussant le curseur vers une quasi caricature. L’ironie acerbe des « Jabac » fait toujours mouche, quand bien même ce dernier film en commun (hélas le décès du comédien stoppera net leur collaboration) ne soit clairement pas leur meilleur.
ANNEE DE PRODUCTION 2018.