Quand il ne travaille pas à l’usine, Lalo est un sex influenceur mexicain, se mettant en scène nu pour ses milliers de followers. Suite à un casting, il devient acteur porno en jouant Emiliano Zapata dans un film sur la révolution. Mais dans la réalité, Lalo semble aussi vivre dans une mélancolie constante…
Venu d’Argentine et dirigé par Manuel Abramovich , Pornomelancolia nous propose une immersion dans l’existence du sex influenceur Lalo Santos, jouant ici son propre rôle, tournant pour la première fois dans un film X, son rapport au corps, aux hommes, mais également son « travail » continu pour paraître sous son meilleur jour, jusqu’à l’épuisement. La séquence d’ouverture donne le ton avec ce plan de Lalo, le regard vide et perdu, éclatant soudainement en sanglots au beau milieu de la rue. Ensuite, les scènes érotiques ou parfois frontalement sexuelles présentent un univers de la marchandisation des corps, quelquefois ludiques, un peu répétitives, et une complicité entre les acteurs de l’équipe leur permettant de garder un esprit positif tout le temps. Abramovich ne s’étend pas de manière complaisante sur l’aspect bestial et mécanique du porno, mais il ne fait pas non plus l’impasse sur ses côtés obscurs. Sans cesse en représentation, Lalo souffre (en silence) d’une extrême solitude (d’où ce titre mystérieux), ne parvenant pas à trouver un sens à cette activité aliénante. De façon plutôt subtile, le réalisateur dénonce les méfaits du numérique à outrance, de ces vies vécues par le biais des écrans, mais ne cherche pas à condamner le porno et ceux qui le pratiquent comme c’était le cas du film Pleasure, sorti l’an dernier.
Bien sûr, Lalo Santos est de tous les plans, filmé sous tous les angles possibles et souvent en gros plan, afin de saisir non seulement son sex appeal évident, mais aussi peut être parce que la caméra scrute dans ses yeux une petite part de sa vérité intérieure. Heureusement, Pornomélancolia ne sombre pas dans une description pesante sur la dépression d’un homme « se sentant inutile » selon ses propres mots, il s’agit davantage d’un portrait masculin plus complexe qu’il n’en a l’air. Avec toute la difficulté qu’il peut y avoir de sonder la nature exacte d’un individu. On peut bien sûr se demander si offrir son corps aux yeux de tous n’est pas une échappatoire à un malaise plus profond. Chacun sera libre de l’interpréter à sa manière.
ANNEE DE PRODUCTION 2023.