Rentrant d’un long voyage, Marc retrouve à Berlin sa femme Anna et leur fils. Mais le comportement d’Anna a changé. Prise de violentes crises, elle quitte le domicile conjugal. Apprenant qu’elle entretient une liaison, Marc engage un détective: Anna s’est réfugiée dans un étrange appartement, où semble cacher une créature surgie des ténèbres…
Six ans après son premier film tourné en France, L’important c’est d’aimer, le polonais Andrejz Zulwski fait son retour avec ce film totalement chaotique et démentiel. Partant d’un sujet plutôt banal (la dislocation d’un couple), il réalise une oeuvre entre drame, film fantastique et lorgne même vers le cinéma d’horreur. L’héroïne, Anna, change d’attitude vis à vis de son mari, mais est ce seulement parce qu’elle ne l’aime plus? Elle semble sous l’emprise mentale et physique d’une entité qui agit à sa place et qui régit ses sentiments. Dans un Berlin froid et encore coupé en deux par le Mur, le couple va se déchirer dans une succession de séquences éprouvantes pour les nerfs, d’autant que Zulawski privilégie l’hystérie, les cris, et la violence pour montrer l’hallucinante descente aux enfers qui s’annonce. Et cette créature venant semer le trouble et l’effroi (brillante création de Carlo Lambardi, déjà papa d’Alien et de King Kong) fait basculer le film dans une dimension horrifique aussi inattendue que percutante. Représente t’elle la version maléfique du mari? Est ce le Mal que la femme provoque en quittant son foyer qui se personnifie sous nous yeux? Les réponses ne seront jamais vraiment au rendez vous. C’est un cinéma du ressenti, viscéral, et tel un virus, il nous gagne en dévorant tout sur son passage.
Le style Zulawski fourmille d’idées qu’il exprime souvent avec extravagance, outrance, et destiné à un public averti. En effet, ne cherchez point de repos, de confort, ou de certitudes: tout ici n’est que chaos, comme une vision apocalyptique de l’amour. Car oui, cela reste une histoire d’amour, aussi contrariée soit elle, aussi toxique que poisseuse. La frénésie de la réalisation se conjugue parfaitement avec le jeu hanté des comédiens. Sam Neil, au début d’une carrière qui sera brillante, montre déjà des qualités d’incarnation impressionnantes. Mais c’est surtout Isabelle Adjani qui vampirise littéralement l’écran, dans une de ses meilleures performances. Elle y gagna un Prix d’Interprétation à Cannes. L’ambiance macabre et étouffante du récit ne doit pas faire oublier que Possession demeure un des films les plus forts sur la folie humaine et que bien entendu, ses excès ne font toujours pas l’unanimité. Ca tombe bien, c’est fait pour!
ANNEE DE PRODUCTION 1981.