Diane est une quadragénaire heureuse, mariée, deux enfants, et une belle situation. Jusqu’au jour où elle rencontre Emilio, un jeune beau gosse de 25 ans, qui va lui faire tourner la tête. Amour, séparation, dépression…
Après un premier long métrage remarqué Outremer , la réalisatrice actrice Brigitte Rouan revient en force avec ce second opus puissant et très abouti. Elle choisit un thème vieux comme le monde, à savoir les ravages de l’amour et plus précisément de la rupture. Il est vrai que ce sujet est rebattu, mais elle en fait quelque chose de si viscéral, de si épidermique qu’elle embarque le spectateur. D’abord dans la passion que le personnage vit à s’en brûler les ailes, puis dans le désespoir total qui s’ensuit. Ce beau portrait de femme amoureuse, pas tout à fait à en crever mais presque, irradie de générosité, d’honnêteté, d’intensité. On sent le vécu et pourtant Brigitte Rouan se défend de toute autobiographie, elle propose en tout cas une radiographie précise, nette et jusqu’au boutiste du chagrin d’amour. Certes, le film peut être taxé d’impudique ou d’hystérique un peu trop facilement d’après les séquences sans retenue qu’elle filme pour montrer la chute vertigineuse de son héroïne. Une chute néanmoins stimulante et qui n’exclut pas ici ou là des moments plus légers et fantaisistes (la jolie scène où Diane circule sur un nuage), le drame ne prend jamais trop de place, il est nécessaire à la construction de cette histoire déraisonnable et destructrice.
Le propre d’une histoire d’amour marquante est de laisser des traces sur la peau, dans les membres mêmes, dans l’esprit bien sûr et dans le coeur. Tous les clichés habituels qu’elle utilise fonctionnent à merveille grâce à la fluidité de son récit (même la chanson Ti Amo, qui est pourtant une mélodie franchement tarte, émeut), et le culot communicatif qu’elle déploie nous met en empathie complète avec sa douleur de femme abandonnée. Audacieuse à 150%, Rouan interprète elle même cette Diane formidable avec un aplomb étonnant, rappelant les grandes figures que sont Phèdre ou Bérénice. Face à elle, deux hommes très différents: le jeune Boris Teral, beau brun ténébreux aperçu dans Pédale Douce incarne l’amant fatal, et en mari aimant et inquiet de voir sa moitié dépérir, on retrouve le toujours excellent Patrick Chesnais. A noter aussi que sur la sexualité, la réalisatrice ne se censure pas une seconde. Parce que c’est un film douloureux certes, mais qui ne triche pas.
ANNEE DE PRODUCTION 1997.
