Alain Marécaux était un homme comme un autre: huissier, marié, trois enfants, une belle maison. Un sombre jour de 2001, sa femme et lui sont sortis de leur lits et conduits sans ménagement en prison. Accusé à tort de viols sur mineurs, Alain entame un long calvaire solitaire derrière les barreaux, pour tenter de prouver son innocence. Sur la base de rumeurs absurdes, la machine judiciaire s’est acharnée sur lui pendant quatre ans…
Vincent Garenq s’empare de la tristement célèbre Affaire d’Outreau pour relater les dysfonctionnements inouïs de la justice, des manquements incroyables du juge Burgaud n’ayant institué ce dossier qu’à charge, et pour cela il adapte le récit glaçant d’un des accusés Alain Marécaux: « Chronique d’une erreur judiciaire ». Sans complaisance et avec une violence à la mesure des événements terribles qu’il décrit, Garenq dresse un portrait d’homme brisé dans sa chair, dépouillé de dignité et qui a tout perdu, sur la seule foi de témoignages délirants et fantaisistes. Le spectateur est immergé en permanence dans la tête de ce personnage, passant de la révolte à l’incompréhension, puis à la résignation et au désespoir absolu. Le réalisateur ne se perd pas dans des envolées lyriques inutiles, il montre les faits tels qu’ils se sont produits et la fiction colle sans cesse à la réalité même, démontrant l’ampleur de l’erreur judiciaire, ses rouages et son manque d’humanité.
Pour tenir ce rôle, il fallait un comédien investi à 200%, capable de donner son maximum et d’être crédible dans chaque émotion et Philippe Torreton fait plus que jouer Marécaux, il a perdu 25 kilos, il plonge au plus profond de ses tripes pour incarner avec force cet être humain broyé et hurlant son innocence. Il est prodigieux d’intensité et la détresse de ses regards nous hantent encore après la fin de la projection. A ses côtés, les autres acteurs ne déméritent pas (notamment Noémie Llvosky et Vladimir Yordanoff). La seule petite faiblesse réside dans les scènes de procès qui sont un peu trop longues, mais globalement cette immersion brutale dans la souffrance d’un homme n’est pas seulement pédagogique, elle est surtout implacablement émouvante.
ANNEE DE PRODUCTION 2011.