La vie est facile pour Luis, 43 ans, célibataire endurci, épanoui dans son métier de « nez » vedette chez un créateur de parfums, couvé par sa mère et ses cinq soeurs… Cela aurait pu durer toute une vie, mais voila… Lassées de le materner, celles ci décident qu’il est temps pour lui de se marier. Luis va avoir une idée pour « leur faire plaisir » sans avoir à modifier réellement ses habitudes…
Au rayon de la comédie française réussie et drôle sans être lourde, Prête moi ta main peut se vanter de remporter un prix d’excellence. Aux commandes, Eric Lartigau, pas encore détenteur du succès surprise de La Famille Bélier, mais suffisamment adroit pour tisser ce scénario un peu rocambolesque d’un célibataire tellement sollicité par sa famille de gonzesses qu’il se croit obligé de s’inventer une petite amie et potentielle future épouse. Au lieu de calmer les esprits, son idée va se retourner contre lui et engendrer bon nombre de malentendus et de quiproquos en tout genre. Assumant l’excès, la surenchère et l’énormité de ce pitch, Lartigau nous convie à une charmante comédie romantique où le rire coule tout seul, où le marivaudage ne tombe pas trop dans la pochade facile et où les dialogues nous réjouissent par leur drôlerie et leur fraicheur. Aucune surprise sur l’issue puisque comme dans toute bonne sucrerie sentimentale, les deux amants d’abord « imaginaires » finissent par tomber réellement amoureux! Prête moi ta main étrille gentiment les habitudes de vieux garçon du héros, son célibat incrusté dans son ADN, ses rapports étroits avec sa mère et ses soeurs envahissantes, tout en conservant une certaine tendresse envers la famille et ses diktats.
Mais le clou de l’ensemble reste le tandem Alain Chabat/Charlotte Gainsbourg, réunis pour la première fois et faisant preuve d’une belle alchimie de jeu: lui, amusant comme au temps des Nuls (sans avoir besoin d’en faire des caisses), elle, aussi divine en fausse maitresse débitant des vulgarités avec un naturel hilarant ou en jeune femme posée cherchant juste à obtenir l’adoption de son futur premier enfant. A leurs côtés, une jolie réunion de seconds rôles tenus par Bernadette Lafont, Wladimir Yordanoff, Véronique Barrault (tous trois décédés depuis hélas). Un gros succès public couronna cette comédie inventive sachant divertir en remplissant fièrement son contrat.
ANNEE DE PRODUCTION 2006.
