A 48 ans, Alain Evrard est obligé de revenir habiter chez sa mère, après sa récente sortie de prison. Une cohabitation forcée qui se passe mal, car ils ne s’entendent pas, ne savent surtout pas communiquer correctement. Alain apprend par inadvertance que sa mère est atteinte d’un cancer du cerveau incurable et qu’elle souhaite avoir recours au suicide assisté en Suisse.
Cinquième long métrage de Stéphane Brizé après le sensible Mademoiselle Chambon et avant son opus choc La Loi du Marché, Quelques jours de printemps explore deux sujets distincts: l’incommunicabilité entre une mère et son fils, récemment sorti de plusieurs mois d’incarcération et sur le choix de mourir dignement. Collaborant au scénario avec Florence Vignon, il signe un film d’une grande délicatesse, pudique et d’un tact extrême, multipliant les plans séquences de long silence pour signifier l’impossibilité d’exprimer ses sentiments, faisant surgir une authenticité particulière. Il s’attaque à ce thème encore tabou du suicide assisté (toujours interdit en France) et prend des gants pour ne pas heurter, ce qui ne l’empêche pas de rester impartial, de ne pas imposer de jugement sur un acte n’appartenant qu’à celui qui décide d’y avoir recours. Le réalisateur ne désire pas délivrer de message « pour ou contre cette pratique », il se penche seulement sur la vie de cette femme modeste, atteinte d’une maladie gravissime et ne voulant tout bonnement pas souffrir et dépérir. Sa mise en scène, très sobre, reste du coup un peu à l’extérieur du propos, ce qui est un parti pris honnête mais moins risqué.
Le film repose pour beaucoup sur ses comédiens et Brizé retrouve son acteur fétiche, Vincent Lindon, pour incarner ce fils taiseux, buté et impuissant à atteindre le coeur de sa mère campée par la formidable Hélène Vincent, dont on ne mentionne pas assez souvent le talent. Elle rentre dans la peau de cette femme rugueuse, maniaque et obstinée avec un naturel désarmant. Tous les mots (les plus essentiels) qui ne sortent pas de leur bouche pendant plus d1H30 (hormis une mémorable scène de dispute terrible) restent en suspens dans l’air jusqu’à un final bouleversant. En dépit de la dureté de ce drame, un film d’une lumineuse simplicité.
ANNEE DE PRODUCTION 2012.