A Saint Meyrand, chaque jour à heures fixes, un émetteur clandestin, Radio Corbeau, dénonce les agissements douteux des notables du village. Maurier, le journaliste du quotidien régional, en fait ses gros titres, tandis que l’inspecteur Duval mène l’enquête qui piétine…
Il est impossible avec un titre pareil et une intrigue si proche de ne pas penser au célèbre chef d’oeuvre de Clouzot, Le Corbeau. Le cinéaste français largement ouvert à la polémique et friand de faits divers, Yves Boisset, a sûrement voulu rendre un hommage ouvert à son illustre collègue et a imaginé cette histoire d’une commune de province à la merci d’un délateur, révélant les travers de ces citoyens soit disant respectables. L’originalité est qu’il le fait par le biais des ondes et sa radio « pirate » fait trembler tous ceux et celles qui ont quelque chose à cacher. Mais pour marcher sur les traces d’un génie comme Clouzot, mieux vaut être sacrément talentueux et gonflé! Boisset fut l’auteur de très bons films comme Le Juge Fayard ou Dupont Lajoie, épinglant des scandales politiques ou le racisme ordinaire avec mordant. Ici, il semble un peu « en vacances », son avant dernier film souffre d’une réalisation fatiguée, ne dépassant jamais le stade d’un simple téléfilm, par manque de vigueur, additionnant des séquences inégales et ne parvenant pas à créer un suspense suffisamment haletant. On suit cette enquête policière d’un oeil un peu distrait, certes pas nulle mais juste plutôt banale.
D’autre part, la troupe de comédiens engagés constituée de vedettes confirmées (Pierre Arditi et Claude Brasseur s’en sortent bien en journaliste et flic) se mêle à des seconds rôles de qualité (Edith Scob, Jean Roger Milo, Roger Planchon). Beaucoup plus faible, les deux actrices principales, Christine Boisson et Evelyne Bouix, ne sont franchement pas terribles. Jusqu’à la résolution finale, Radio Corbeau tente de garder un cap tendu, tout en restant relativement sage et hélas trop peu subversif. Si tôt vu, si tôt oublié!
ANNEE DE PRODUCTION 1989.