Simon, 17 ans, amateur de surf, est victime d’un accident de la route. A l’hôpital, il est en état de mort cérébrale. Thomas Remige, un infirmier, propose à ses parents de faire un don d’organes. Ils ont d’abord une réaction de rejet. Puis finissent par accepter. Dans le même temps, Claire, la cinquantaine, a des problèmes de plus en plus récurrents avec son coeur…
Après Un Poison Violent et surtout le très remarqué et sensible Suzanne, la réalisatrice Katell Quilévéré choisit pour son troisième long métrage un sujet délicat à traiter: le don d’organes. Imbriquant deux récits en un, elle parvient à émouvoir sans tomber dans le pathos, rien qu’en utilisant une mise en scène sensible, caressante, d’une pleine douceur face au propos sombre qu’elle dépeint. Avec une économie de dialogues, une atmosphère quasi onirique (surtout dans son introduction), elle éloigne le spectre de la mort planant pourtant totalement sur le film, aidée par une belle musique d’Alexandre Desplat, très appropriée. La cinéaste s’épanche sur ses protagonistes avec beaucoup d’humanité, à l’image du comportement bienveillant et chaleureux de Thomas, le jeune infirmier prenant en charge l’adolescent en mort cérébrale. Même si les deux parties du script se scindent de façon un peu trop mécanique, le pouvoir des belles images et du traitement emmène le spectateur dans un voyage émotionnel presque apaisant.
Adapter un best seller (ici celui de Maylis de Kerangal) n’est jamais chose aisée, le public s’attend à une reconstitution fidèle du roman, tout en demandant à être surpris. Quilévéré lui rend justice, respectant l’esprit pudique et la retenue nécessaire à ce thème douloureux et très peu évoqué au cinéma. Réparer les vivants (joli titre) serait sûrement moins poignant sans sa distribution remarquable! Tous et toutes méritent de prompts applaudissements: Emmanuelle Seigner, Anne Dorval, Tahar Rahim, Bouli Lanners, Dominique Blanc, Kool Shen, Alice Taglioni, et même les plus petits rôles apportent leur pierre à l’édifice. Un beau film sur la transmission de la vie, d’un corps à un autre, interrogeant d’ailleurs notre position éthique sur la question du don d’organes. Le coeur vibrant de la scène finale pourrait être le nôtre après tout.
ANNEE DE PRODUCTION 2016.