RIEN SUR ROBERT

Il y a quelque chose qui cloche dans la vie de Didier. D’abord un article, écrit un peu légèrement sur un film qu’il n’a pas vu, a terni sa réputation. Ensuite, Juliette, sa fiancée, connait l’extase avec un réalisateur TV et pas avec lui. Elle jure pourtant n’aimer que lui. Enfin sa rencontre avec l’étrange et ténébreuse Aurélie achève de brouiller ses repères…

Après un galop d’essai inabouti, Encore, l’ancien critique de cinéma Pascal Bonitzer repasse derrière la caméra et accouche de ce second long métrage, beaucoup plus réussi. Sur un scénario alerte et plein d’esprit, Rien sur Robert affiche un humour piquant, de la pertinence et des dialogues tout à fait délicieux. Egalement scénariste, Bonitzer présente un personnage masculin peut être lointainement inspiré par lui même (Didier est un journaliste et critique d’art), et épingle non sans autodérision une certaine frange de l’intelligentsia parisienne, agençant des séquences qui ressemblent plus à un enchainement de saynètes, plutôt jubilatoires à suivre et à écouter. La cruauté n’est jamais bien loin (surtout dans les rapports hommes/femmes et particulièrement dans la liberté avec laquelle Juliette, la petite amie, parle avec franchise de l’état de ses sentiments), pourtant on rit beaucoup et franchement, sûrement parce que Bonitzer semble nous dire que rien n’est grave, que tout ne que remises en question, que les êtres sont volatiles et que la vie doit rester légère. Dans le dernier tiers, le film revêt un sérieux inattendu, avec la face secrète de chacun se révélant vraiment, et sans véritablement parler de drame, le ton verse moins dans la rigolade. Au fond, Rien sur Robert séduit surtout parce qu’il est insaisissable, cocasse sans être idiot, plus profond qu’il ne veut bien le dire: un cinéma d’auteur exigeant certes, n’oubliant pas non plus de distraire.

Pour agrémenter ce récit distordu et acide, il fallait des comédiens de talent qui sachent être drôles sans même chercher à l’être et dans le rôle principal, Fabrice Luchini sort le grand jeu en « petit monsieur » suffisant et perdant ses certitudes au fur et à mesure de ses déconvenues sentimentales. La cohorte de rôles secondaires procure aussi bien Bernadette Laffont que Michel Piccoli (désopilant), Laurent Lucas, Edouard Baer et Denis Podalydés. Mais c’est Sandrine Kiberlain que l’on retient avant tout, par son aisance dans le grivois, époustouflante tout simplement, enfin étonnante dans un autre registre que celui de la pauvre fille déboussolée qu’elle fut chez Jacquot ou Laetitia Masson. Avec cette comédie « intello » et jamais chiante, Pascal Bonitzer s’affirme au sein des auteurs qui comptent sur la place de Paris… et ailleurs aussi!

ANNEE DE PRODUCTION 1999.

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Un brillant scénario enlevé et des dialogues étincelants font tout le sel de ce deuxième opus de Bonitzer. Casting aux petits oignons, surtout Luchini et Sandrine Kiberlain.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Latest articles

Un brillant scénario enlevé et des dialogues étincelants font tout le sel de ce deuxième opus de Bonitzer. Casting aux petits oignons, surtout Luchini et Sandrine Kiberlain. RIEN SUR ROBERT