La passion amoureuse que vivent Sailor et Lula n’est pas du goût de la mère de Lula, Marietta, bien décidée à faire assassiner Sailor. Elle engage même un homme de main pour faire le sale boulot. Sailor le tue, se retrouve en prison. A sa sortie, Lula va le rejoindre quand même. Leur amour repart de plus belle. Mais, la folie meurtrière de Marietta les menace à nouveau…
On peut bien entendu classer un peu vite ce long métrage de David Lynch dans le genre thriller sombre et vénéneux. Mais, le style du cinéaste de Dune défie encore une fois toute logique, toute classification et accouche d’un film atypique. Une histoire d’amour démarrant directement comme un conte de fées extrême, avec un bain de sang en prologue, beaucoup de bruit et de fureur tout du long et un final en définitive très fleur bleue! Bref, un objet filmique plutôt étonnant! Lynch veut faire son propre Roméo et Juliette déjanté, violent et clairement plus traumatisant qu’apaisant. Construit comme un road movie infernal, Sailor et Lula annonce son intention rapidement: faire de ce duo d’amants maudits des amoureux à mort, des pousse au crime, et autour d’eux ils ne déchainent que jalousie, folie, et dévastation. L’allumette qui craque pour montrer leur coup de foudre sera celle qui enflammera le corps couvert d’essence du père de Lula, brûlant vif. Le film ne lésine pas sur les images choc, la débauche de couleurs criardes, le mauvais goût assumé et les hommages répétitifs à Elvis Presley! Un mélange tonitruant qui peut soit séduire, soit rebuter.
En vérité, Lynch se moque de heurter le public, il fonce dans la nuit noire de ses envies outrancière et offre un spectacle visuel délirant, et un hymne à l’amour fou. Dans leur escapade, les deux personnages croisent bien sûr des trognes de malade, sortis d’un imaginaire effrayant (Willem Dafoe terrifie en l’espace de 15 minutes par son charisme dingue, Harry Dean Stanton tout en retenue au contraire). Le couple star est tenu par Nicolas Cage, arborant une veste en peau de serpent hyper kitsch (et comme souvent, il en fait des caisses!), et la jolie Laura Dern, amante marginale et sensuelle, fait forte impression. Le réalisateur arbore son style ultra sophistiqué, sans chercher à ménager ses effets. Son scénario est assez linéaire et accessible, contrairement à beaucoup de ses films suivants. Il a obtenu la Palme d’Or à Cannes, pourtant on peut lui préférer des oeuvres plus énigmatiques et plus tordues comme Lost Highway ou Mulholland Drive. Du cinéma qui ne laisse pas indifférent en tout cas.
ANNEE DE PRODUCTION 1990.