Suzanne a 16 ans. Elle s’ennuie avec les gens de son âge. Tous les jours en allant au lycée, elle passe devant un théatre qui la fascine. Et elle y rencontre un acteur de 35 ans, bel homme, qui devient son obsession. Ils tombent amoureux, mais comme Suzanne se sent encore trop jeune, leur relation demeure platonique…
Pour son tout premier film, la jeune Suzanne Lindon a voulu mettre la barre très haute et a malheureusement eu les yeux plus gros plus que le ventre. S’improviser scénariste, réalisatrice et actrice d’un coup à 19 ans, requiert un don à la Xavier Dolan que la fille de Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain n’a tout simplement pas. Ou pas encore du moins. Son film ressemble à une esquisse, une ébauche à peine croquée sur l’adolescence et ses affres, son mal être, ses premiers émois sentimentaux. Son récit donne une impression de banalité, d’ordinaire, qui ne parvient pas à décoller. De plus, le film est encombré de références écrasantes (on pense sans cesse à l’Effrontée de Claude Miller, d’autant que Suzanne cultive une ressemblance étonnante avec Charlotte, surtout dans son attitude gauche et nonchalante), mais aussi à Pialat et à sa propre Suzanne de A nos Amours, avec en prime la participation de Dominique Besnehard qui nous ramène à ce beau classique sur les amours d’une ado de seize ans. Bref, il manque derrière les intentions une solide personnalité.
En tant qu’actrice, la jeune fille n’est ni bonne, ni mauvaise, elle semble être la plus naturelle possible (ce qui est déjà un bon début) mais rien de transcendant non plus. Arnaud Valois impose encore son joli minois et les autres acteurs comme Fréderic Pierrot n’ont hélas pas assez de consistance ni de matière, faute à une écriture timorée. En revanche, la bande originale contient des titres de Christophe et de Vincent Delerm, très agréables à l’oreille. L’aspect fleur bleue du traitement peut à la limite gagner notre indulgence. Disons pour rester charitable qu’un court métrage aurait suffi.
ANNEE DE PRODUCTION 2021.