Bucks County, près de Philadelphie. Après la perte de sa femme, Graham Hess a rendu sa charge de pasteur et s’occupe de ses deux jeunes enfants, qu’il tente d’élever au mieux. Son plus jeune frère, Merill, une ancienne gloire du base ball, est revenu vivre dans le coin pour l’aider. Un matin, la petite famille découvre l’apparition dans ses champs de gigantesques signes et cercles étranges. Des extraterrestres seraient ils à l’origine de ses phénomènes inexpliqués?
Après ses deux premiers opus plutôt très bien accueillis, Sixième Sens surtout, le réalisateur M. Night Shyamalan opte cette fois pour un thriller surnaturel, empreint de science fiction. L’histoire de cette famille récemment en deuil subissant en prime l’angoisse que génère des phénomènes étranges autour de leur ferme nous questionne sur notre place dans l’univers et surtout sur la très probable présence d’êtres « supérieurs » à nous et ayant de possibles intentions hostiles. Shyamalan instaure un suspense bien mené, à la façon de son maitre Hitchcock, place les personnages et le spectateur dans un mystère prenant. Ménageant ses effets pour mieux inquiéter, le cinéaste a écrit un scénario où il peut déployer son sens aiguisé de la suggestion, nous faisant presque ressentir la menace pesant sur ces deux frères et les enfants de l’un d’eux. La première heure, prometteuse, brille par une mise en scène inspirée et notre intérêt reste en éveil de manière efficace. Ensuite ça se complique… Un mysticisme « bon marché » remplace le suspense, le film devient alors plus bavard et s’éloigne du coup de son inspiration originelle (cette fameuse émission de radio dans laquelle Orson Welles annonçait une possible guerre des mondes). L’étrange ne tient pas la distance, même en exploitant à fond nos peurs les plus primaires.
Et que dire de cette fin ratée, où il cède hélas à vouloir « trop » en montrer et du coup éteindre la flamme de l’incertitude qui donnait au propos toute sa valeur justement? Hormis ces loupés, Signes n’est pourtant pas un mauvais film, ses qualités réelles ne sont pas suffisantes pour convaincre tout à fait et un sentiment mitigé nous habite au terme de la projection. Il faut toutefois saluer Shyamalan pour son idée de casting inédit et fort intéressant, réunissant Mel Gibson, vieux briscard d’Hollywood spécialiste des films d’action au jeune Joaquin Phoenix à la carrière alors débutante. Ils incarnent ces deux frères unis dans l’adversité avec beaucoup de justesse. Les films suivants du réalisateur confirmeront cette tendance à plaire et décevoir une fois sur deux.
ANNEE DE PRODUCTION 2002.