Un mystérieux assassin brutal et masqué semble avoir pris pour cible les employées d’une maison de haute couture italienne. Plusieurs mannequins travaillant pour le même couturier sont toutes tuées de façon horrible et violente. Quel est celui ou celle qui peut leur en vouloir, au point d’en arriver à de tels actes?
Mario Bava, ancien chef opérateur de renom, a débuté sa carrière derrière la caméra à l’orée des années 60, en signant un film d’horreur gothique qui fit grand bruit : Le Masque du démon. Très prolifique et tournant à une vitesse incroyable aussi bien des westerns que des pastiches, des films d’épouvante et des thrillers, il pose ici les bases du genre dont il sera le Maître absolu: le Giallo italien. Un mélange d’intrigue policière et de récit d’horreur, ultra stylisé et baignant dans une atmosphère étrange et morbide. Etant un très grand technicien, il construit son film de façon très précise, composant des plans de toute beauté, avec des mouvements de caméras ingénieux, des points de vue divers, des mises en perspectives passionnantes. Le tout dans des décors soignés à l’extrême (la maison de couture et ses mannequins figés ont un côté déja inquiétants en soi), le travail sur les couleurs est remarquable également avec du vert, du pourpre, du rouge, formant un tout flamboyant.
Le scénario, écrit par l’excellent Marcello Fondato , ménage un suspense digne d’Hitchcock et la succession de meurtres sont autant de séquences éprouvantes, où la violence et le sadisme sont presque toujours liés au désir sexuel. Il est bien sûr important de tenter de deviner qui est l’auteur de ces crimes, mais au vu de la forme et de l’esthétique somptueuse que Bava met en avant, le pourquoi du comment est quasi secondaire. Même les lumières, de très bonne facture, ajoutent une beauté à l’ambiance macabre. Les actrices, quant à elles, Eva Bartok en tête, sont surtout de très belles plantes, mais plutôt de médiocres comédiennes. Ce n’est pas très grave, vu leur extermination progressive et inéluctable. C’est clairement le film d’un plasticien des images, avant gardiste, mal compris par la critique, mais redécouvert heureusement depuis une petite décennie. Un cinéma situé quelque part entre Agatha Christie et le Marquis de Sade.
ANNEE DE PRODUCTION 1964