Une femme SDF oscille entre l’accès aux distributions alimentaires gratuites et l’errance dans les rues de Paris. Par une nuit d’hiver, elle découvre un jeune Erythréen de 8 ans, en train de sangloter devant son abri. Comprenant qu’il a été séparé de sa mère, elle décide de l’aider à la retrouver…
En 2013, le réalisateur allemand Claus Drexel avait déja été l’auteur d’un documentaire poignant sur la condition des sans abris, intitulé Au bord du monde. Il réitère donc avec le même sujet, décliné en long métrage de fiction, et propose une sorte de conte réaliste sur une clocharde, prenant sous sa protection un petit garçon migrant. Avec un propos aussi sensible, Drexel joue la carte des bons sentiments, mais ses intentions honnêtes parviennent à élever le récit vers une belle allégorie sur l’humanité retrouvée. L’héroïne, dure et repliée sur elle même au départ, s’ouvre au monde et se redécouvre capable d’attention et d’empathie pour un être aussi perdu qu’elle. La trajectoire de ces deux destinées brisées par la vie ne peut que nous toucher. Une bonne partie du film se passe de dialogues trop encombrants, l’émotion circule dans les silences et les regards. Le réalisateur accompagne cette errance dans notre capitale, en mettant l’accent sur l’aspect social.
Les SDF au cinéma ont droit soit à des comédies comme Une époque formidable, soit à des drames comme Les Amants du Pont Neuf. Ce film ci se situe à mi chemin entre les deux genres, même si la gravité l’emporte nettement, sûrement dû au sort si tragique du jeune héros noir adorable. La prestation de Catherine Frot dans ce personnage de femme sans abri surprend et convainc par sa grande capacité à émouvoir (même si on connaissait son potentiel), et à ses côtés le petit Mahamadou Yaffa sait comment jouer sa partition pour tirer des larmes aux plus récalcitrants. Bien sûr, on peut reprocher à la mise en scène une certaine sécheresse et un point de vue manichéen, pourtant cette odyssée à la fois réaliste et onirique est une jolie histoire simple, nous rappelant combien Paris est la plus belle ville au monde, y compris pour les exclus et les bannis d’une société impitoyable.