Cinéaste reconnu et adulé, Sandy Bates traverse une véritable crise existentielle. Lassé de ne plus être apprécié que pour son humour, il ne supporte plus les critiques de l’intelligentsia new yorkaise. Il profite d’un festival où il est convié pour faire le point sur son oeuvre et sur ses différentes relations amoureuses, partagées entre Dorrie, Isobel et autres admiratrices…
Même s’ils le sont très souvent (surtout ceux de la décennie 70 et 80) les films de Woody Allen recèlent une part autobiographique assumée par son auteur, mais avec Stardust Memories, il a sans doute poussé le curseur de l’identification le plus loin possible et réalise d’une certaine manière son propre Huit et demi ! Comme Fellini, il se pose de sérieuses questions sur la création artistique, sur son rapport (compliqué) à la célébrité, sur les femmes de sa vie et sur son mal de vivre sous jacent. Le script, volontairement un peu fouillis, se trouve être un condensé des fragments de souvenirs de son auteur, qu’il mêle de façon anarchique en évoquant à la fois des moments clés de son existence et des rêves qui le perturbent. Cette variation plaisante sur le cinéma nous invite à une introspection désespérée d’un réalisateur, jouant là son propre rôle, exprimant parfois son ras le bol de n’être respecté que pour sa capacité à faire rire. A cette époque justement, Woody ambitionnait de faire des oeuvres proches de celles de son maitre, Ingmar Bergman. Du coup, Stardust Memories oscille entre drame et comédie, avec des pointes notables de nostalgie, agrémenté tout de même de séquences où Allen utilise son arme la plus puissante: l’humour! Et ce, pour ne pas sombrer dans un constat trop sinistre. Le fond du sujet prête en effet à réfléchir sur le sens de la vie et Woody se demande même en substance « si rien ne dure, pourquoi devrais je m’embêter à faire des films? ».
Les réponses positives qu’il trouve se situent toutes dans l’élaboration artistique, selon lui seul vecteur possible de ses sentiments et de ses angoisses. Le bonheur, fugace et fragile, se niche aussi auprès des femmes bien entendu (même si elles sont également une source de prises de têtes et de conflits intérieurs) et de ce point de vue, Woody s’est fait plaisir en convoquant deux stars européennes pour incarner ses amoureuses. D’abord la sublime Charlotte Rampling qu’il filme avec une gourmandise éclatante et Marie Christine Barrault (sûrement un coup de coeur après l’avoir vue dans Cousin, Cousine de Tacchella). Rappelons aussi que dans la scène d’ouverture, il a donné son tout premier rôle (muet et court de quelques secondes) à la future star de Basic Instinct: Sharon Stone. Stardust Memories ne figure peut être pas dans la liste des très grands films d’Allen, pourtant il s’y livre comme jamais et c’est bigrement attendrissant!
ANNEE DE PRODUCTION 1980.